[04/10/2006 09:07:11] TOKYO (AFP) Les investisseurs ont durement sanctionné le géant de l’électronique japonais Sony, dont le titre a dégringolé de plus de 15% à la Bourse de Tokyo depuis l’embarrassante affaire des batteries d’ordinateur qui prennent feu et les retards de lancement de la console de jeux PlayStation 3. L’action Sony a encore chuté de 3,26% mercredi à 4.450 yens, son plus bas niveau depuis environ dix mois. Alors qu’il y a quelques semaines à peine, le marché saluait encore avec enthousiasme l’étonnant redressement économique du géant nippon, sous la poigne de son patron américano-gallois Howard Stringer. “Le marché a finalement commencé à prendre en compte l’impact négatif sur les résultats financiers” des rappels à répétition de produits défectueux, a commenté John Yang, analyste chez Standard and Poor’s. En août, Sony disait s’attendre à une ardoise de 257 millions de dollars après l’annonce par les fabricants d’ordinateurs portables Dell et Apple du rappel de millions de batteries au lithium-ion de sa fabrication, en raison de risques de surchauffe et d’incendie. Le chinois Lenovo, repreneur de la division PC d’IBM en 2005, s’est joint au mouvement en septembre après qu’un ordinateur appartenant à un passager eut pris feu peu avant l’embarquement à l’aéroport de Los Angeles. Sony a alors été contraint de lancer un programme mondial de remplacement de batteries. Avec ces nouvelles contrariétés, l’addition pour Sony risque d’exploser, avertissent les analystes. Ce n’est pas la première fois que Sony est confronté à ce type d’ennui. En 2003, des problèmes techniques l’avaient déjà obligé à rappeler des milliers d’appareils photo numériques, puis 340.000 téléviseurs. L’an dernier, le groupe avait encore dû renvoyer à l’atelier 3,6 millions d’adaptateurs pour sa populaire console de jeux vidéo PlayStation 2, qui présentaient des risques de surchauffe et pouvaient causer des blessures. La même année, un défaut a entraîné le rappel de 16.000 téléviseurs LCD. “Chaque année, il y a des rappels. Je pense que les problèmes de qualité sont également une des raisons du recul des actions”, a estimé M. Yang. “Je crois aussi que les gens sont sceptiques à propos de la PlayStation 3”, a ajouté cet analyste. La genèse de cette console de jeux vidéo “révolutionnaire” a été pour le moins laborieuse. Initialement prévu en mars 2006, le lancement commercial n’aura finalement lieu que le 11 novembre prochain au Japon et le 17 novembre aux Etats-Unis, après deux reports successifs. Quant aux joueurs européens, ils devront patienter encore jusqu’en mars 2007, des difficultés d’approvisionnement en composants ayant empêché Sony de produire suffisamment de consoles pour se lancer sur ce marché. La PlayStation 3 laissera donc le champ libre à ses concurrentes XBox 360 de Microsoft et Wii de Nintendo pour la lucrative période des fêtes de fin d’année. Ces déboires ont terni l’étoile du charismatique Howard Stringer, nommé en mars 2005 à la tête d’un groupe en pleine crise financière. L’arrivée d’un étranger aux commandes du fleuron nippon de l’électronique et inventeur du Walkman avait fait grincer des dents au sein de l’establishment japonais, mais Stringer a vite séduit les investisseurs en promettant de “lutter comme des guerriers Sony” contre les difficultés. Un discours suivi d’effets, puisque Sony a réalisé des performances bien meilleures que prévu au cours de l’exercice 2005-2006 grâce à de solides ventes de téléviseurs à écran plat. Mais les analystes s’attendent désormais à de fortes turbulences dans les prochains mois. La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a ainsi divisé par deux, à 100 milliards de yens (670 millions d’euros) contre 200 milliards, son estimation de bénéfice d’exploitation pour Sony pour l’exercice en cours. |
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