[04/10/2006 15:38:46] PARIS (AFP) Le plan de restructuration d’Airbus, censé compenser les surcoûts liés aux retards de l’A380, provoque l’inquiétude politique et syndicale tant en France qu’en Allemagne, en raison de ses conséquences sociales et industrielles. Un comité central d’entreprise avait lieu mercredi après-midi au siège toulousain du groupe, au cours duquel le président d’Airbus France, Jean-Marc Thomas, devait présenter les grandes lignes du plan. Mardi, le patron d’Airbus Christian Streiff a annoncé un nouveau retard d’un an pour l’avion géant A380, dont le calendrier de livraisons est désormais décalé de deux ans par rapport au plan initial. Ce nouveau retard se traduira pour EADS par une dégradation de 4,8 milliards d’euros de son résultat d’exploitation sur la période 2006-2010. Une perspective sanctionnée à la Bourse de Paris mercredi, où le titre EADS lâchait 4,72% à 21,58 euros vers 15H00 GMT, après avoir cédé jusqu’à 11,69%.
Pour éponger ces pertes et améliorer sa compétitivité, Airbus prévoit un vaste programme de réduction de coûts et de réorganisation industrielle, baptisé “Power 8”, prévoyant des suppressions d’emploi. Le constructeur, qui emploie quelque 55.000 personnes dans le monde, n’a pas encore détaillé l’impact social de ces mesures. Mais de l’aveu de M. Streiff, “il y a aura des suppressions d’emplois” via des “mesures d’âge” et une réduction de l’emploi intérimaire ou des CDD. La restructuration impliquera aussi un recours accrû à la sous-traitance et une réorganisation de la production sur les différents sites européens. Du côté du gouvernement français, actionnaire d’EADS (15%) aux côtés du groupe Lagardère (7,5%) et de l’allemand DaimlerChrysler (22,5%), le Premier ministre Dominique de Villepin a assuré mercredi faire “pleinement confiance” à la direction du groupe, tout en souhaitant que “tout soit fait pour préserver l’emploi”.
Martin Malvy, président PS de Midi-Pyrénées, a exprimé “une inquiétude lourde” sur les conséquences pour les sous-traitants de la réorganisation du groupe, en rappelant que l’aéronautique représentait 60.000 emplois dans sa région. Le ministre des Transports Dominique Perben rencontrera des représentants de sous-traitants “dans les tout prochains jours”. Le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos, qui rencontrera jeudi à Berlin M. Streiff, a lancé un appel à peine voilé à Airbus pour qu’il respecte les interêts du site allemand de Hambourg (Nord), alors que circulent des rumeurs d’un transfert de l’ensemble de la production de l’A380 vers Toulouse. “Je pars du principe que les étapes (du plan d’Airbus, ndlr) vont affecter de manière équitable tous les sites et que les charges vont être réparties justement”, a-t-il averti. Malgré son intention déclarée de “briser les tabous”, Airbus risque de devoir tenir compte des sensibilités nationales, renforcées en France par l’approche de l’élection présidentielle en 2007. EADS et Airbus devraient être prochainement amenés à solliciter des avances remboursables aux pays européens partenaires de l’avionneur, afin de financer en partie le lancement industriel du nouveau long-courrier A350, dont le coût a récemment doublé à plus de 8 milliards d’euros. Parallèlement, Airbus doit faire face à la grogne des compagnies clientes de l’A380, contraintes de revoir leurs projets de développement. Qantas, Singapore Airlines, Virgin Atlantic, Malaysia Airlines et Korean Air ont exprimé mercredi leur “déception” et leur “inquiétude” face au nouveau délai, comme l’avait notamment fait la veille Emirates, le plus gros client de l’A380. |
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