[04/10/2006 15:11:25] PARIS (AFP) Le retard de deux ans de la livraison de l’A380 d’Airbus provoque une inquiétude croissante des compagnies clientes dans le monde, contraintes de revoir leurs projets de développement mais qui n’envisagent pas ouvertement d’annuler des commandes. Qantas, Singapore Airlines (SIA), Virgin Atlantic, Malaysia Airlines et Korean Air ont exprimé mercredi leur “déception” et leur “inquiétude” face au nouveau délai, emboîtant le pas à plusieurs autres transporteurs qui s’étaient déjà exprimé la veille. C’est la troisième fois depuis septembre 2005 qu’Airbus repousse les livraisons de l’A380, son programme vedette estimé à 12 milliards d’euros, cette fois en raison de problèmes de câblage de la cabine. Thai Airways International a été mercredi parmi les plus virulentes, n’excluant pas d’aller voir du côté du grand concurrent Boeing si la situation continue à se détériorer. “S’il y a de nouveaux retards, nous devrons réfléchir à des alternatives, comme demander des compensations ou modifier les commandes en faveur de Boeing”, a indiqué un responsable. Le problème le plus sérieux pour l’avionneur européen vient vient d’Emirates, son plus important client pour l’A380 avec 43 appareils commandés, soit presque un tiers des commandes.
Le retard “aura, sans aucun doute, un impact sur nos futurs plans de développement”, a déclaré Mike Simon, vice-président de la compagnie chargé de la division communication, à Gulf News, un quotidien des Emirats arabes unis. “Des compensations sont l’une des multiples options évaluées”, a-t-il dit dans une autre interview dans la région, tout en précisant qu’Emirates “n’envisage pas d’annuler le contrat”. Emirates, propriété du gouvernement de Dubaï, a investi des dizaines de milliards de dollars pour augmenter sa flotte, élargir le principal aéroport de la ville et en construire un deuxième à Jebel Ali, à la périphérie. Compte tenu de ces investisements très lourds en infrastructure déjà consentis, il est difficile pour les compagnies clientes de résilier purement et simplement leurs commandes. Airbus ne pourra guère échapper en revanche à des pénalités ou compensations. A ce sujet, le constructeur propose notamment des long-courriers A330 aux compagnies aériennes pour combler le manque de capacités induit par les retards, a indiqué mercredi une source proche du dossier. “Airbus discute au cas par cas avec les clients de l’A380” sur ces questions, s’est bornée pour sa part à indiquer une porte-parole de l’avionneur. De son côté, Singapore Airlines a jugé les retards “décevants”. La première compagnie aérienne qui doit mettre en service l’A380, attendu initialement fin 2006, craint aussi que le retard de livraison ne limite son potentiel de croissance, a expliqué Stephen Forshaw, vice-président des affaires publiques de cette compagnie. Si la plupart des compagnies clientes ont maintenu jusqu’ici leur confiance à l’avionneur français, elles laissent toutefois planer le doute quant à leurs intentions. Qantas entame un “réexamen de ses besoins en terme de capacité à la lumière du nouveau calendrier donné par Airbus”, a prévenu son directeur financier, Peter Gregg. La compagnie australienne ne devrait pas recevoir ses premiers A380 avant août 2008, soit deux ans plus tard que prévu. Virgin Atlantic, propriété de l’homme d’affaires britannique Richard Branson, a parlé mercredi de “conséquences graves”. Elle discutera de “l’affaire” lors d’un conseil d’administration le 12 octobre. |
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