L’expertise
développée par la Société Tunisienne d’électricité et de gaz (STEG) en
matière d’électrification rurale, estimée actuellement à 98% en Tunisie,
est retenue comme une Success Story par les experts de développement rural
en Afrique. Loin de fouetter notre ego, cette performance est de toute
évidence un bon point à l’actif de la STEG.
La Tunisie a compris,
depuis la fin des années 70, la dimension ‘’développementale’’ de
l’électricité, perçue, aujourd’hui, comme l’un des facteurs clé pour la
réalisation des Objectifs de Développement du Millénaire (ODM), tant elle
contribue de manière significative à l’impulsion de tous les secteurs de
développement socioéconomique.
L’expertise tunisienne
a fait l’objet d’un intérêt fort particulier lors de l’atelier tenu, du 20
au 22 septembre 2006, à Tunis. Cet atelier a été organisé à l’initiative de
la STEG, l’Union des producteurs, Transporteurs et Distributeurs
d’électricité en Afrique (UPDEA) et de la Banque mondiale.
Engagé depuis 1979 avec l’appui financier de la BAD, le programme de la STEG
a permis de faire passer le taux d’électrification de 5% au fort taux de
98%, aujourd’hui. En 25 ans, quelque 800.000 ménages dans les campagnes ont
été raccordés au réseau de la STEG, moyennant un investissement de 600
millions de dinars.
Selon M. Othman Ben Arfa, PDG de la STEG, «les zones rurales non
électrifiées sont, aujourd’hui, des zones rurales dispersées éloignées du
réseau et dont le coût de raccordement est onéreux. D’autres solutions
techniques sont adoptées telles que le programme du photovoltaïque déployé
par l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie».
Ce programme d’électrification a été exécuté par de véritables militants de
développement, parfois dans des conditions extrêmes. Dans certaines zones
montagneuses enclavées, les agents de la STEG étaient obligés de recourir à
des âniers pour transporter les transformateurs à dos d’âne.
Mené toutes voiles dehors, ce programme a eu des impacts positifs sur
l’économie et la société tunisiennes. Il a entre autres freiné l’exode
rural, contribué à l’amélioration de la qualité de la vie, de l’enseignement
et des services de santé dans les campagnes. La présence d’électricité en
milieu rural a facilité la création de petites entreprises et a développé
l’activité agricole.
Il faut dire aussi que l’électrification rurale en Tunisie a eu des effets
pervers. Elle a boosté les besoins et accru les frustrations, les ruraux, à
défaut d’un niveau d’instruction culturel requis, n’avaient pas la structure
mentale appropriée pour gérer rationnellement les apports de l’électricité
(parabole, Internet, climatisation…), d’où l’émergence de certains dérapages
heureusement limités et contrôlés.
L’expertise tunisienne demeure un exemple à suivre lorsqu’on sait que
l’accès des populations à l’électricité en Afrique reste faible, 3% pour
certains pays. Jusqu’à ce jour, la majeure partie des populations africaines
recourt toujours à la biomasse et au pétrole lampant pour satisfaire ses
besoins en énergie.
Ce n’est pas par hasard si les participants à l’atelier ont estimé, au terme
de leurs travaux, que «l’électrification rurale ne peut être viablement
soutenue que si elle émane d’une volonté politique forte et si elle se place
dans un effort constant de long terme».