Les
deux géants asiatiques, en l’occurrence la Chine et l’Inde, semblent se
tirer d’affaire avec le système des règles d’origine, basé actuellement sur
la double transformation. Car ces deux pays sont les seuls, aujourd’hui,
capables de monter des filières complètes dans l’industrie textile, joignant
filature-tissage-teinture à impression-finissage.
C’est pourquoi, les autres pays émergents, dépourvus des moyens pouvant
organiser de tels systèmes, souhaiteraient plutôt une deuxième alternative
basée, elle, sur la valeur ajoutée cumulée, c’est-à-dire réaliser le tissage
dans un pays, et la confection dans un autre.
On croit savoir que la réflexion ferait l’objet d’une étude au niveau de la
Commission européenne dont les conclusions seront connues prochainement.
Il faut que la situation milite en faveur de cette voie, puisque le marché
européen du textile a connu une forte progression des importations au cours
du premier semestre 2006 : +14,6% durant les cinq premiers mois. Une hausse
à forte composante asiatique avec 22% pour l’ensemble Chine-Hong Kong-Macao,
+23% pour l’Inde, +40% pour le Bangladesh, etc.
Du coup, les pays Euromed subissent cette pression asiatique, en ne
réalisant que des petites hausses : +10% pour l’Egypte, +6% pour la Turquie
et +4% pour le Maroc, alors que la Tunisie a accusé une baisse de 3%.
Ainsi, la Commission européenne pourrait se prononcer en faveur de la
possibilité de cumuler des origines, ce qui constituerait une solution
possible pour les pays euroméditerranéens à même de contrecarrer cette
situation.
Cependant, des observateurs estiment que le système préférentiel basé sur la
valeur ajoutée poserait tout de même un problème technique complexe au
niveau du contrôle et de l’application, de nature à engendrer certaines
pratiques frauduleuses. Pour d’autres, cela ne permettrait pas de résoudre
ce problème, car en règle générale, la valeur ajoutée créée par les pays
émergents dans la confection est généralement inférieure à celle réalisée
dans la fabrication des tissus.
Au bout du compte, on s’acheminerait vers une application encore plus
souple, avec un accès préférentiel toujours basé sur la valeur ajoutée créée
au niveau du tissu, et ce quelle que soit son origine. Du pain sur la
planche pour les experts de la Commission européenne, car, souvent, ces
entreprises dites chinoises ou indiennes ce sont des entreprises européennes
délocalisées dans ces pays…