[05/10/2006 05:11:42] PARIS (AFP) Le plan de restructuration d’Airbus, censé compenser les surcoûts liés aux retards de l’A380, a suscité l’inquiétude mercredi dans les rangs politiques et syndicaux tant en France qu’en Allemagne, où l’on craignait ses conséquences sociales et industrielles. Du côté du gouvernement français, actionnaire d’EADS (15%) aux côtés du groupe Lagardère (7,5%) et de l’allemand DaimlerChrysler (22,5%), le Premier ministre Dominique de Villepin a assuré mercredi faire “pleinement confiance” à la direction du groupe, tout en souhaitant que “tout soit fait pour préserver l’emploi”. Un comité central d’entreprise (CCE) d’Airbus s’est tenu à Toulouse “dans un climat d’inquiétude”, selon le secrétaire du CCE, Didier Grégory, sans que la direction de donne de “précisions quant au volet social de son plan de restructuration”.
Mardi, le PDG d’Airbus Christian Streiff a annoncé un nouveau retard d’un an pour l’avion géant A380, dont le calendrier de livraisons accuse désormais un report de deux ans, ainsi qu’un vaste programme d’économies baptisé “Power 8”. Il a reconnu qu’il y aurait “des suppressions d’emplois” chez le constructeur, qui emploie quelque 55.000 personnes dans le monde, via des “mesures d’âge” et une réduction de l’emploi intérimaire ou des CDD. La restructuration impliquera aussi un recours accru à la sous-traitance et une réorganisation de la production sur les différents sites européens. L’appréhension grandit en Allemagne sur l’avenir du site de production d’Airbus à Hambourg (Nord). Le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos, qui rencontrera jeudi à Berlin M. Streiff, a lancé une mise en garde à peine voilée à l’avionneur pour qu’il respecte les intérêts de Hambourg, alors que circulent des rumeurs d’un transfert de l’ensemble de la production de l’A380 vers Toulouse. “Je pars du principe que les étapes” du plan d’Airbus “vont affecter de manière équitable tous les sites et que les charges vont être réparties justement”, a-t-il dit.
Interrogé lors d’une conférence de presse sur l’éventualité de rapatrier des sites d’Airbus en France ou en Allemagne, le ministre français de l’Economie Thierry Breton a assuré qu’il n’en était “absolument pas question”. Dans la région toulousaine, où l’aéronautique représente 60.000 emplois, le président PS de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, a exprimé “une inquiétude lourde” sur les conséquences du plan pour les sous-traitants. François Junca, le patron de Latécoère, un des fournisseurs d’Airbus, a souhaité que “l’Etat, les collectivités locales et la communauté financière se mobilisent pour aider les entreprises qui auraient des difficultés financières”. Le ministre des Transports Dominique Perben rencontrera des représentants de sous-traitants “dans les tout prochains jours”. Dans la mise en oeuvre de son plan, Airbus risque de devoir tenir compte des sensibilités nationales, renforcées en France par l’approche de l’élection présidentielle en 2007. EADS et Airbus devraient être prochainement amenés à solliciter des avances remboursables aux pays européens partenaires de l’avionneur, afin de financer en partie le lancement industriel du long-courrier A350, dont le coût a récemment doublé à plus de 8 milliards d’euros. EADS, qui s’attend à un manque à gagner de 4,8 milliards d’euros d’ici 2010 du fait des retards de l’A380, a été sanctionné à la Bourse de Paris mercredi. Le titre a clôturé en baisse de 4,15% à 21,71 euros, après avoir cédé jusqu’à 11,69%. |
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