L’échec des discussions Nissan-Renault-GM soulage au Japon

 
 
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Le Pdg de Nissan-Renault Carlos Ghosn, le 6 septembre 2006 à La Courneuve (Photo : Mehdi Fedouach)

[05/10/2006 08:42:26] TOKYO (AFP) Les marchés japonais, les analystes et la presse ne cachaient pas leur soulagement jeudi après l’échec des discussions entre Nissan, Renault et General Motors en vue d’un partenariat tripartite qui, de l’avis général, aurait coûté fort cher au constructeur automobile nippon.

Nissan a toutefois répété que la porte de son alliance avec le français Renault restait ouverte à un éventuel troisième larron nord-américain, laissant entendre que des pourparlers sont désormais possibles avec Ford.

A la Bourse de Tokyo, l’action Nissan a terminé la séance sur un bond de 3,48% à 1.369 yens (environ 9,20 euros) sur un marché en hausse de 2,28%.

Selon les opérateurs, le marché est soulagé par l’échec des négociations car il ne voyait pas vraiment les bénéfices pour Nissan d’une adhésion de General Motors, le numéro un mondial en difficulté, à l’alliance Renault-Nissan.

Les investisseurs sont également satisfaits de constater que les groupes français et japonais se sont refusés de verser à GM les compensations qu’il réclamait pour se marier avec les deux autres groupes.

“Sur le court terme, une rupture des négociations est positive pour Nissan car ce dernier ne devra payer aucune prime qui aurait érodé sa solidité financière”, s’est félicité Atsushi Kawai, analyste chez Mizuho Securities.

“En plus, l’ampleur exacte des synergies qu’aurait produit une alliance tripartite était loin d’être claire”, a-t-il souligné.

Tatsuya Mizuno, analyste du secteur automobile chez Fitch Ratings, qui envisageait de rétrograder la note de la dette de Nissan au cas où l’alliance tripartite aurait vu le jour, se montrait également soulagé.

“GM a des problèmes significatifs en ce moment. Nissan et Renault auraient dû partager leurs ressources et leur management avec lui et cela aurait nui à leurs propres opérations”, estime-t-il.

Selon lui, Nissan ne serait pas mieux avisé de s’allier avec Ford.

“La situation de Ford est la même que celle de GM. Ils ont aussi un gros problème en ce moment et l’impact pour Renault et Nissan serait tout aussi négatif”, soutient-il.

“En plus, Ford a déjà une alliance avec Mazda, un concurrent de Nissan au Japon. Les relations deviendraient donc assez compliquées”, relève M. Mizuno.

Nissan a toutefois répété jeudi qu’il souhaitait toujours ajouter un partenaire américain à son alliance avec Renault, grâce à laquelle il avait lui-même échappé à la faillite en 1999.

“Nous sommes toujours ouverts à une alliance avec un troisième partenaire, y compris un américain”, a déclaré la porte-parole du groupe Mia Nielsen.

Le quotidien Nihon Keizai Shimbun (Nikkei), la bible des milieux d’affaires japonais, estimait jeudi que Nissan ferait mieux de chercher un moyen de faire rebondir ses ventes plutôt que de courir le monde en quête d’un allié.

“Au sein du groupe Nissan, beaucoup pensent que la compagnie japonaise devrait donner la priorité au redressement de ses ventes avant de s’engager dans une alliance majeure”, analysait le Nikkei.

Entre avril et juin, les ventes mondiales en volume de Nissan ont en effet reculé de 6% et son bénéfice d’exploitation a fondu de plus de 25%.

En faisant capoter les discussions, “GM a raté une magnifique occasion de s’aventurer dans le secteur des automobiles de petite et moyenne taille”, notait par ailleurs le Nikkei.

Pour le quotidien Mainichi Shimbun, GM a dit non à l’alliance “car il craignait que sa direction soit conquise par Nissan, qui recherchait une alliance capitalistique”.

 05/10/2006 08:42:26 – © 2006 AFP