[05/10/2006 18:01:25] PARIS (AFP) Les manoeuvres repartent de plus belle dans le secteur boursier: Francfort et Euronext ont salué jeudi des propositions visant à surmonter leurs différends pour créer un marché boursier paneuropéen, mais Euronext a refusé d’en tenir à l’écart son alliée la Bourse de New York. La Bourse de Francfort (Deutsche Börse) s’est dit elle aussi prête à enterrer la hache de guerre avec Euronext, mais tout en récusant le projet de fusion de cette dernière avec la Bourse de New York (Nyse). C’est le président du groupe français Schneider Electric Henri Lachmann, qui est à l’origine de ce nouveau rebondissement dans un secteur engagé depuis deux ans dans une course au rapprochement. Après avoir consulté depuis juin les utilisateurs d’Euronext à la demande de l’organisation Paris Europlace, ce patron respecté a renvoyé dos à dos les offres rivales du Nyse et de Deutsche Börse pour racheter Euronext. Il a émis à titre personnel l’idée d’un “scénario” alternatif, qui verrait Deutsche Börse apporter ses activités de négociations d’actions à Euronext, en échange d’une participation de 15 à 20% dans le groupe qui gère la Bourse de Paris mais aussi celles d’Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne. Sa proposition constitue selon lui une solution susceptible de réconcilier Euronext et Francfort, et serait également ouverte à la Bourse de Milan (Borsa Italiana), mais renverrait à plus tard un mariage avec le Nyse. Euronext a d’ores et déjà accueilli “favorablement” l’idée et s’est dit prêt à l’étudier, de même que Deutsche Börse. Mais Euronext et son allié le Nyse, avec lequel il a signé un accord de fusion au printemps, ont aussi laissé entendre qu’ils n’avaient pas l’intention de renoncer à mener à bien leur alliance transatlantique, rejetée en l’état actuel par M. Lachmann. Une porte-parole d’Euronext a qualifié l’idée d’un apport par Deutsche Börse de son marché actions de “complémentaire” de son mariage avec le Nyse. Le patron du Nyse John Thain s’est dit également ouvert à un rapprochement avec Deutsche Börse et Borsa Italiana, mais à sa manière, en évoquant seulement un possible “ajout” de Francfort et de Milan au futur groupe Nyse-Euronext. “Nous continuons d’être réceptifs à l’idée d’ajouter d’autres marchés actions à la structure Nyse-Euronext, et cela sera certainement possible dans le cadre de la fusion” entre les deux Bourses, a souligné M. Thain lors d’une conférence téléphonique à New York. M. Lachmann propose au contraire une alliance entre Européens, avant d’envisager une union transatlantique avec le Nyse qui serait renégociée de manière “plus équilibrée”. Car selon lui, “il est faux de dire que le projet (actuel) du Nyse est une fusion entre égaux, c’est une acquisition” qui risque de priver à terme de leur autonomie les marchés d’Euronext, a-t-il dit. De son côté Deutsche Börse ne veut pas non plus entendre parler de New York. Le groupe francfortois a salué le rapport Lachmann qui selon lui consacre “la préférence pour une intégration paneuropéenne sous direction européenne”, et en a surtout retenu “la conclusion qu’une acquisition transatlantique n’est pas dans l’intérêt du marché européen”. “Deutsche Börse va examiner les conclusions du rapport Lachmann et continuer à travailler avec toutes les parties intéressés à une solution européenne”, a dit le groupe francfortois, sans aucune allusion aux déclarations du Nyse. Il faut dire que les propositions de M. Lachmann interviennent dans un contexte de forte rivalité entre Deutsche Börse et la Bourse de New York: des informations de presse prêtent à Francfort et Milan l’intention de lancer très prochainement une contre-offre sur Euronext, pour faire échec à celle du Nyse. Selon la presse allemande, les deux groupes souhaiteraient faire une offre de fusion à trois à Euronext d’ici le mois de décembre, pour couper l’herbe sous le pied de l’opérateur de la Bourse de Paris, qui compte soumettre en décembre à ses actionnaires son union avec le Nyse. |
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