[06/10/2006 19:20:49] BRUXELLES (AFP) Après des semaines d’intenses négociations, le français Suez a accepté des concessions substantielles pour dynamiser la concurrence énergétique en Belgique et ainsi obtenir la bénédiction des autorités à sa fusion avec Gaz de France. Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt n’a jamais caché qu’il comptait “profiter” de ce mariage pour ouvrir son secteur énergétique. Dans le royaume, plus de 80% des marchés du gaz et de l’électricité reposent en effet entre les mains d’un seul opérateur, Distrigaz (filiale de GDF) pour le premier et Electrabel (filiale de Suez) pour le second. Sur le marché du gaz, la Belgique se contentera des “remèdes” proposés par Suez et Gaz de France à la Commission européenne, a annoncé une source gouvernementale. Actionnaire à 51% du réseau de transport gazier Fluxys, Suez devrait faire passer cette part autour des 45%. En outre, a précisé le numéro deux de Suez, Jean-Pierre Hansen, le groupe s’est engagé à doubler la capacité du terminal gazier de Zeebrugge, le premier d’Europe. Les engagements les plus substantiels concernent le marché de l’électricité. Vis-à-vis de la Commission, Suez et GDF se sont déjà engagés à céder les 25% de GDF dans le deuxième électricien de Belgique, SPE. La Belgique a en outre obtenu que Suez cède une partie de sa production électrique, de manière à ce que la SPE –qui détient actuellement 10% du marché– et une entreprise étrangère détiennent chacune, à terme, 15% de la production électrique belge.
En outre, la Belgique disposera dans la nouvelle entité Suez-GDF d’une “golden share” similaire à celle de l’Etat français. Mais, a tenu à préciser le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, cela ne constitue pas un “engagement” mais bien une “prérogative” que s’accorde le législateur belge et qu’il devra justifier. “Si nous avons décidé de souscrire à ces engagements, c’est que nous considérons que c’est très bon pour le groupe”, a-t-il assuré vendredi soir. “Il n’y aura pas d’amputation de la puissance du groupe”, a-t-il encore promis, jugeant que Suez-GDF “conserverait la même puissance industrielle mais serait juste un peu moins présente en Belgique et un peu plus dans un autre pays d’Europe”. Le paquet de concessions accordé par Suez s’ajoute à un premier datant d’octobre 2005. Le groupe avait alors déjà dû négocier avec la Belgique pour faire passer le rachat du joyau électrique belge Electrabel. La Belgique, où Suez est présent depuis 18 ans, est “l’un des pays historiques” du groupe, a rappelé Gérard Mestrallet, pour qui “une collaboration étroite” avec les autorités est primordiale. Si vendredi la victoire se lisait clairement sur les traits du Premier ministre, les concessions arrachées à Suez n’en restaient pas moins très précaires, car elles doivent encore recevoir le blanc-seing de la Commission. Dès mercredi, celle-ci l’avait prévenu qu’en négociant cet accord, il jouait avec le feu. “Dès que nous recevrons leur texte, nous l’analyserons pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’interférence avec les compétences exclusives de la Commission dans le cadre de la fusion Suez/Gaz de France”, a répété vendredi le porte-parole européen à la Concurrence, Jonathan Todd. La Commission est en effet la seule habilitée à imposer des conditions à une fusion de dimension européenne. Du côté de Suez, on essayait de calmer le jeu, Gérard Mestrallet assurant que “le gouvernement avait été très attentif à ce que les discussions respectent les prérogatives de la Commission”. Le gouvernement quant à lui niait toute interférence. Selon une source gouvernementale, “la Belgique a simplement saisi l’occasion qui se présentait. Elle n’est pas intervenue, elle a juste +reçu+ les engagements”. |
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