L’eau
en Afrique ? Un problème dû essentiellement à un manque patent
d’investissement mais aussi de la mauvaise gestion de ce bien précieux voire
vital. Il est donc urgent, aujourd’hui, que gouvernements, organismes
publics et privés et ONG collaborent pour améliorer la situation des
Africains.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes : l’Afrique serait le continent qui a
le plus bas taux de couverture en eau et en service sanitaire au monde. Et
seulement 62 % de ses 784 millions d’habitants ont accès à l’eau contre une
moyenne mondiale globale de 82%. Seulement 60% vivent dans des conditions
sanitaires décents.
Conséquence : mauvaise santé générale de la population africaine, puisque
50% des Africains souffrent d’une des six maladies causées par la mauvaise
qualité de l’eau. Selon «l’atlas de la santé des enfants et de
l’environnement», lancé le 23 juin dernier par l’Organisation mondiale de la
santé, l’eau polluée est responsable de nombreuses maladies (diarrhée,
cholera, dysenterie, vers de Guinée, typhoïde et autres vers intestinaux…)
responsables de la mort de plus de 8 million de personnes chaque année.
Paradoxalement, les ressources en eau renouvelable sont estimées à environ
5.400 milliards de mètres cubes par an, dont environ 15% se trouveraient
sous terre. Cela correspond à 6.800 mètres carrés par personne par an, ce
qui représente une quantité plus que nécessaire pour répondre aux besoins
quotidiens. Il est vrai que les ressources en eau sont caractérisées par une
variabilité temporelle et spatiale extrême, avec une disponibilité plus
grande autour de la région équatoriale et une plus grande rareté dans la
ceinture du Sahara, dans l’Afrique du Nord et dans la corne de l’Afrique,
avec en plus de nombreuses catastrophes naturelles (inondations et de
sécheresse).
Mais le problème se trouve au niveau de l’exploitation de l’eau en Afrique
qui est extrêmement bas avec environ 150 milliards de mètres cubes, soit
seulement 3% du total retiré pour les foyers, l’agriculture et l’industrie
par an. Le résultat est que près de 40% des plus de 300 millions
d’Africains, pour la plupart des pauvres vivant aussi bien dans les milieux
ruraux qu’urbains, n’ont pas accès à l’eau potable et à des installations
sanitaires adéquates.
Moins de 30% du potentiel estimé des 45 millions d’hectares ou 6% de la
surface cultivée en Afrique ne sont pas assez irrigués alors qu’une étude
montre qu’une bonne irrigation pourrait contribuer à une augmentation de
plus de 3% de la production de nourriture nécessaire pour atteindre une
situation de sécurité alimentaire d’ici 2025.
Mieux, l’énergie issue de l’eau ne compte que pour 4% de l’énergie produite
en Afrique alors que le potentiel exploitable est estimé à près 1.4GW par
an.
Les spécialistes soulignent que la pauvreté endémique, la croissance
économique lente et le fardeau de la dette sont responsables du manque
d’investissements dans le domaine de l’eau en Afrique. Ajouter d’autres
entraves au développement de nouvelles sources d’eau, tels que les conflits
internes et externes dus à la pauvreté, à la gestion inéquitable des
ressources ainsi qu’à la mauvaise gouvernance et le manque de démocratie.
Les experts estiment que les économies des pays de la région progressent
d’au moins 7% par an, soit le taux nécessaire pour que l’Afrique atteigne
l’Objectif du millénaire pour le Développement (OMD) de diviser par deux la
pauvreté d’ici 2015.
Mais puisque l’eau reste une ressource clef pour assurer un développement
durable et qu’elle constitue en elle-même un but du millénaire dans les 15-
25 prochaines années, le groupe de la Banque africaine de développement
(BAD) a mis en avant les problèmes de la gestion des ressources en eau au
travers d’initiatives majeures destinées à surmonter le défi de combler les
besoins vitaux en eau.
Pour sa part, la Banque mondiale a fait de l’eau et de la salubrité des
éléments essentiels pour sa stratégie de lutte contre la pauvreté, le
secteur de l’eau devenant la pierre angulaire de son plan stratégique
2003-2007.
De même, les initiatives en faveur de l’eau supportées par la Banque
mondiale ont aidé et influencé AWV (African Water Vision) et le
développement de RWSSI (Rural Water Supply and Sanitation Initiative) et ont
joué un rôle majeur dans la préparation et la mise en œuvre du NEPAD (New
Partnership for Africa’s Development – Nouveau partenariat pour le
développement de l’Afrique).
Le groupe a aussi l’intention d’accueillir et de gérer la proposition d’une
nouvelle organisation : AWF (African Water Facilities), une initiative du
conseil des ministres africains sur l’eau (AMCOW). Pour couronner ces
efforts, le groupe de la BAD avait organisé la première semaine africaine de
l’eau en juillet dernier à Tunis pour promouvoir le développement des
ressources en eau sur le continent.
Encourager les partenariats autour des initiatives majeures et permettre aux
intervenants de communiquer et de partager leurs expériences, c’est le moyen
le plus approprié d’accélérer l’accès à l’eau potable et à des installations
sanitaires décentes. Plus de 300 participants représentants différents
intervenants incluant les ministres africains, les chefs des associations
donatrices, les ONG et le secteur privé ont été invités pour l’évènement
sous le thème «construire un partenariat pour l’eau en Afrique».
Et la récente donation des Pays-Bas de plus de 25 millions de dollars à
l’initiative de l’eau de la Banque africaine de développement prouve si
besoin de la volonté de la Banque –qui coordonne toutes les aides e matière-
de contribuer à étancher la soif des Africains.