[07/10/2006 13:14:09] BUENOS AIRES (AFP) La France s’est efforcée de renouer le fil de sa relation avec l’Argentine, sérieusement endommagée par la crise de Suez, en dépêchant jeudi et vendredi à Buenos Aires un émissaire du président français Jacques Chirac, sans toutefois parvenir à régler tous les contentieux. Le ministre français délégué au Budget, Jean-François Copé, a été reçu par les principaux dirigeants de l’Argentine, à commencer par le président Nestor Kirchner, au cours d’un voyage destiné avant tout à “franchir un nouveau cap” après l’épisode douloureux du retrait du groupe français Suez. Le ministre, porteur d’une lettre du président Chirac adressée à son homologue argentin, s’est dit satisfait de ces entretiens. “L’impression d’ensemble est très encourageante, très positive”, a-t-il affirmé lors d’une rencontre avec la presse française. M. Copé s’est félicité de la franchise de ces discussions qui lui ont permis, a-t-il assuré, de “parler de tous les sujets sans tabou”, à commencer par le dossier de Suez. La France a notamment réclamé auprès de ses interlocuteurs argentins que le retrait de Suez se fasse “dans des conditions équitables”, c’est-à-dire avec indemnités. Le groupe français souhaite être dédommagé après cette rupture du contrat, à hauteur de ses investissements en Argentine soit quelque 1,3 milliard de dollars. Après des mois de négociations houleuses, le gouvernement de Buenos Aires a choisi en mars dernier de mettre un terme à la concession de distribution d’eau potable et de traitement des eaux usées dans le grand Buenos Aires, détenue par le groupe français depuis les années 90, en nationalisant sa filiale argentine Aguas Argentinas. L’affaire est désormais entre les mains du Cirdi, le tribunal de la Banque mondiale qui tranche les différends en matière d’investissements étrangers, et rien ne semble indiquer qu’il en aille autrement. Le chef du cabinet (chef du gouvernement) argentin, Alberto Fernandez, interrogé sur les “conditions équitables” réclamées par M. Copé, s’est borné à rappeler la position argentine, qui estime Suez coupable de ne pas avoir respecté les termes du contrat de concession, voire d’avoir mis en danger la santé des Argentins. M. Copé a d’ailleurs reconnu que la parole était désormais à “l’arbitrage” et que le dossier n’avait “pas beaucoup avancé” en vue d’une solution permettant d’éviter le recours au Cirdi. Les conversations ont en revanche été plus positives en ce qui concerne l’autre contentieux avec la France: les arriérés de l’Argentine envers le club de Paris, organisation qui regroupe une vingtaine de pays créanciers de l’Argentine. Ces arriérés s’élèvent à 3,5 milliards de dollars pour une dette totale de 6 milliards de dollars. M. Copé a indiqué que les autorités argentines lui avaient fait part de leur intention de trouver une solution positive à ce dossier d’ici à la fin de l’année. Le ministre français a également rencontré plusieurs dirigeants d’entreprises françaises implantées en Argentine, dont certains, n’a pas caché M. Copé, “ont le blues”. La crise énergétique qui menace en Argentine place ainsi les entreprises pétrolières et de gaz, dont le groupe français Total mais aussi espagnol Repsol ou brésilien Petrobras, sous la pression du gouvernement qui souhaiterait les voir investir davantage. Ces entreprises estiment toutefois que les conditions ne sont pas réunies, notamment en matière de sécurité juridique et de visibilité de leurs investissements. M. Copé a indiqué sur ce point que le ministre argentin de la Planification, Julio de Vido, en charge de ce dossier, lui avait promis d’organiser des rencontres régulières avec les entreprises étrangères. |
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