Projet pétrolier d’Azadegan : l’Iran laisse la porte entrouverte au Japon

 
 
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Le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki (g) et le premier ministre japonais Junichiro Koizumi (d), le 28 février 2006 à Tokyo (Photo : Franck Robinchon)

[07/10/2006 14:57:11] TOKYO (AFP) L’Iran a laissé samedi la porte entrouverte au Japon pour revenir dans le projet de développement du gisement pétrolier d’Azadegan, au lendemain du quasi-retrait des Japonais de cet énorme contrat de deux milliards de dollars, selon l’agence de presse nippone Kyodo.

La compagnie pétrolière semi-publique japonaise nippone Inpex a annoncé vendredi qu’elle se désengageait financièrement du projet d’Azadegan, dans le sud de l’Iran.

Dans une dépêche datée de Téhéran, l’agence Kyodo indique que la direction de la Compagnie nationale iranienne du Pétrole (NIOC) a fait savoir à Inpex qu’elle pourrait retrouver sa participation dans le projet.

“Si, à l’avenir, Inpex règle ses problèmes internes, il est possible que dans le cas d’un accord elle récupère ses parts ou partie de ses parts”, a déclaré à Kyodo Mehdi Bazargan, directeur d’une firme pétrolière rattachée à la NIOC.

Inpex a décidé de réduire drastiquement sa participation de 75% à quelque 10% après l’échec de laborieuses négociations avec Téhéran.

Ce contrat, agréé en février 2004 mais jamais signé officiellement, était le plus important accord pétrolier jamais conclu par le Japon.

Il portait sur l’exploitation du grand champ pétrolifère d’Azadegan, dans le sud de l’Iran, avec des réserves estimées au départ à 26 milliards de barils. Son développement aurait dû en principe démarrer en mars 2005.

Selon M. Bazargan, l’Iran avait rempli les conditions requises par Tokyo pour commencer les travaux, à savoir l’élimination de champs de mines datant de la guerre Irak-Iran (1980-88). “Mais Inpex a été incapable de résoudre ses problèmes avec les instituions financières et autres au Japon”, a expliqué le responsable iranien cité par Kyodo.

Inpex a répété samedi qu’elle avait l’intention de conserver une participation dans le projet iranien, afin de préserver ses droits d’importer du pétrole brut d’Azadegan à l’avenir.

“Il est sensé, non seulement de leur point de vue mais aussi du notre, de contribuer au projet en continuant d’y participer”, a déclaré le président d’Inpex, Kunihiko Matsuo, de retour de Téhéran.

Il est peu probable toutefois qu’Inpex, qui a déjà investi 10 milliards de yens (67,5 millions d’euros) dans Azadegan, revienne sur sa décision, en grande partie politique.

Le Japon, qui importe d’Iran près de 15% du pétrole qu’il consomme, est tiraillé entre ses besoins en énergie pour alimenter la deuxième économie mondiale et les pressions des Etats-Unis.

Washington souhaitait vivement que Tokyo renonce au contrat d’Azadegan afin d’isoler l’Iran en raison de son programme nucléaire controversé.

La crise nucléaire iranienne s’aggravant, le Japon était de plus en plus déchiré à cause du risque de sanctions contre l’Iran qui remettait en question la viabilité du projet Azadegan.

Par ailleurs, certains analystes ont exprimé des doutes sur la qualité et la taille des réserves d’Azadegan, situées près de la frontière irakienne.

Enfin, selon d’autres analystes et des sources informées, ce contrat n’était “pas une bonne affaire” pour le Japon qui aurait saisi le moment opportun pour arrêter les frais avec l’Iran.

Selon le quotidien économique japonais Nikkei, il est probable que l’Iran se tournera vers un autre partenaire étranger pour financer le développement d’Azadegan.

Le quotidien estime que le français Total serait bien placé pour l’emporter, même si les perspectives de sanctions des Nations unies contre Téhéran pourraient dissuader tout grand groupe pétrolier mondial de s’exposer actuellement en Iran.

 07/10/2006 14:57:11 – © 2006 AFP