Génocide arménien : Ankara cherche l’appui des milieux d’affaires français

 
 
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Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, le 3 août 2006 (Photo : Tengku Bahar)

[07/10/2006 17:55:25] ISTANBUL (AFP) Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré samedi à Istanbul les représentants de sociétés françaises faisant des affaires en Turquie afin d’obtenir leur appui face à une proposition de loi française qui menace d’empoisonner les relations entre les deux pays.

Ce projet de loi controversé, qui doit être débattu jeudi au Parlement français, rend passible de prison la négation du génocide arménien pendant la Première guerre mondiale.

“Erdogan a demandé aux sociétés françaises de faire pression sur les législateurs français pour essayer d’empêcher que cette proposition de loi voie le jour”, a déclaré à l’AFP à l’issue de la réunion Mustafa Abdullahoglu, cadre d’une société qu’il n’a pas souhaité nommer.

“Il (le Premier ministre) a dit que la proposition de loi endommagerait les relations bilatérales si elle était adoptée”, a indiqué ce cadre.

M. Abdullahoglu a dit craindre un boycott des produits français en Turquie si le texte venait à être adopté.

Les représentants des constructeurs automobiles Peugeot et Renault, du géant de l’alimentation Danone, du producteur de matériaux de construction Lafarge et de la chaîne de supermarchés Carrefour participaient à la réunion.

Un groupe d’hommes d’affaires franco-turc devait s’envoler dimanche pour Paris dans le but de faire pression contre la proposition de loi qui fait de la négation du génocide arménien, en 1915, un délit punissable d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.

Vendredi, le ministère turc des Affaires étrangères a averti que l’adoption du texte pourrait mettre en péril “des investissements, fruit d’années de travail”, et que “la France pourrait, pour ainsi dire, perdre la Turquie”.

Le texte législatif avait commencé à être discuté en mai. Mais son examen avait été interrompu faute de temps et le vote n’avait pu avoir lieu.

Omer Sabanci, qui dirige le plus important groupe d’affaires turc, Tusiad, a également condamné le texte, estimant qu’il reflétait “les craintes que le projet de la Turquie d’adhérer à l’Union européenne ne se matérialise” et qu’il constituait une tentative pour “faire échouer les efforts visant à un dialogue constructif et à un débat rationnel”.

“J’en appelle aux politiciens français: ne voyez-vous pas que vous mettez en danger les relations politiques, économiques et sociales entretenues par la France et la Turquie pendant des siècles et ce pour servir vos propres intérêts politiques?”, a déclaré M. Sabanci dans un communiqué diffusé par l’agence de presse turque Anatolie.

Les Arméniens estiment que jusqu’à 1,5 million des leurs ont péri dans un génocide orchestré pendant les dernières années de l’Empire ottoman entre 1915 et 1917. Ankara affirme que des massacres ont été commis de part et d’autre et récuse les accusations de génocide.

 07/10/2006 17:55:25 – © 2006 AFP