La vidéo, nouvel Eldorado des géants internet

 
 
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La page du site youtube.com (Photo : Samantha Sin)

[08/10/2006 13:39:03] NEW YORK (AFP) Les géants d’internet sont prêts à payer très cher pour conquérir le marché de la vidéo en ligne, devenue la nouvelle poule aux oeufs d’or des recettes publicitaires, comme l’illustrent l’intérêt de Google et de ses rivaux pour le numéro un de la vidéo gratuite YouTube.

Vendredi, le blog spécialisé TechCrunch et le Wall Street Journal ont révélé que Google proposait 1,6 milliard de dollars pour acheter YouTube, site lancé en décembre 2005 où tout internaute peut “poster” ses clips vidéo.

Un site au succès phénoménal, qui attire plus 30 millions de visiteurs uniques par mois et diffuse quelque 100 millions de vidéos par jour.

YouTube s’est hissé à la troisième place des sites de diffusion vidéo, derrière le portail Yahoo! et le site de socialisation MySpace (37 millions de visiteurs uniques mensuel chacun), et loin devant Time Warner (25 millions), le leader mondial des logiciels Microsoft (16 millions) et Viacom, propriétaire de MTV (14 millions), selon le cabinet spécialisé Comscore.

Google, avec son site Google Video, n’arrive qu’en 7e place avec 7,5 millions de visiteurs mensuel).

Un tel rachat serait le plus gros jamais décidé par Google, qui a toujours préféré se développer en propre en se bornant à racheter de petites sociétés.

Mais la rivalité entre les leaders mondiaux d’internet s’intensifie pour un gâteau publicitaire qui selon l’institut eMarketer devrait atteindre aux Etats-Unis 16,7 milliards de dollars en 2006 (dont 23% empochés par Google et 19% par Yahoo), puis 29,4 milliards en 2010.

Sur ce total, les publicités accompagnant des vidéos devraient afficher la croissance la plus rapide, avec 385 millions de dollars cette année (+71%) et six fois plus en 2010, à 2,3 milliards.

Google s’est donc résigné à puiser dans ses fonds pour gagner plus vite de l’audience: le groupe a versé 1 milliard de dollars fin 2005 pour prendre 5% de AOL (Time Warner) et lui fournir des publicités, puis en août dernier 900 millions pour être le fournisseur publicitaire du site d’échanges MySpace.

Le groupe semble prêt à payer encore davantage pour YouTube, tant pour capter son audience que pour devancer ses rivaux Yahoo, Microsoft, Time Warner ou Viacom qui sont aussi sur les rangs, selon les analystes.

YouTube est l’une des pépites du “Web 2.0”, c’est-à-dire les sites alimentés par les internautes, comme le site de photos Flickr (racheté par Yahoo en 2005), le site d’informations Digg.com ou les sites de socialisation comme Facebook ou surtout MySpace (racheté 580 millions de dollars l’an dernier par le groupe du magnat Rupert Murdoch, News Corp.).

Dans la foulée de YouTube, les analystes s’attendent à une nouvelle vague de rachats de ces sites de nouvelle génération.

D’autres sites de clips vidéos comme Revver.com, Bolt.com, Metacafe.com ou iFilm pourraient être convoités. En France, plusieurs télés ont flairé le filon: TF1 a lancé WAT, un site d’échange et de blogs, et M6 a lancé Wideo.

Samedi, Trip Chowdhry, analyste de Global Equities Research, a pronostiqué une bataille d’enchères entre Google et Microsoft pour YouTube, qui pourrait selon lui se vendre à Google pour 3 milliards, voire 5 milliards de dollars.

Pourtant YouTube souffre d’un sérieux handicap: beaucoup de vidéos sont des extraits pirates d’émissions télés ou de clips musicaux, et plusieurs majors du disque ont menacé le site de procès. YouTube ne filtre pas à l’avance les vidéos diffusés, il les retire seulement en cas de protestation.

Récemment, le groupe a convenu avec Warner d’identifier les extraits tirés de son catalogue et de partager les recettes publicitaires, mais d’autres majors, comme Universal Music, envisagent des poursuites. Un riche propriétaire comme Google, qui vaut 128 millards en bourse, ne pourrait qu’attirer les procès.

 08/10/2006 13:39:03 – © 2006 AFP