Rhodia : les dirigeants ont tenté de masquer les difficultés, selon des documents

 
 
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Siège de Rhodia à Paris (Photo : Jean-Pierre Müller)

[08/10/2006 13:35:06] PARIS (AFP) Les dirigeants de Rhodia auraient survalorisé l’entreprise et tenté de dissimuler l’ampleur de leur dette dans les comptes 2002 et 2003, selon des mails internes versés à l’instruction.

Selon une source proche du dossier, ces pièces ont été versées à l’instruction confiée en octobre 2004 aux juges d’Huy et Pons après la plainte d’actionnaires minoritaires, Hughes de Lasteyrie et Edouard Stern, visant notamment une “présentation de comptes inexacts”.

Les plaignants estiment avoir été trompés sur la valeur de l’entreprise, née de la séparation des activités chimie de Rhône Poulenc, au moment de son introduction en Bourse en 1998.

Ils accusent notamment le groupe d’avoir dissimulé des passifs liés à l’environnement et aux retraites et faussé par la suite ses comptes en cachant l’ampleur de sa dette et en survalorisant des actifs.

Plusieurs mails confidentiels, échangés en 2002 et 2003 entre des cadres de Rhodia, semblent étayer cette thèse car ils mettent en lumière les difficultés rencontrées par le groupe pour faire coller la présentation de ses comptes à la valeur réelle de l’entreprise.

Le 19 octobre 2003, dans un mail au directeur général Jean-Pierre Clamadieu, le directeur du contrôle économique Pascal Bouchiat note que le “plan de cession actuel (…) met en évidence de manière criante les exagérations des valorisations réalisées l’année dernière”.

Le 16 décembre 2002, Rabih Chacar de la direction financière explique à Gilles Auffret, directeur général opérations et à Pierre Prot, directeur général adjoint finance, qu’une augmentation de capital ne lèsera pas les actionnaires “car la vraie valeur de leurs actions (au vu de la faible rentabilité présente de nos actifs et de l’existence de certains +passifs+ confidentiels) est inférieure au cours actuel”.

Depuis son introduction en Bourse en 1998, l’action Rhodia a chuté de 140 francs à environ 1,80 euro.

Les dirigeants semblent aussi avoir tenté de dissimuler l’ampleur de la dette par des artifices comptables.

M. Chacar indique à Pierre Prot le 25 septembre 2002, qu’il “faut tout faire pour repousser (…) les dépréciations et les provisions de restructuration” pour avoir “un répit (…) jusqu’à fin 2003” vis-à-vis des banques.

Il dit au même Pierre Prot le 2 octobre 2002 que “pour la fin de l’année, nous augmenterons la liquidité en arrêtant de payer les fournisseurs (…) et en grattant les fonds de tiroirs”.

Le 15 janvier 2003, il annonce à Pierre Prot et Pascal Bouchiat que “grâce à un effort considérable, les liquidités ont été ramenées à moins de 250 millions d’euros”, faisant baisser la dette. Avant d’ajouter qu’une partie est composée de “fausses liquidités” classées ainsi “seulement pour faire baisser” l’endettement financier net.

A partir de fin 2003, Rhodia a procédé à des augmentations de capital, a cédé des centaines de millions d’euros d’actifs et supprimé plusieurs centaines d’emplois pour éviter la faillite.

 08/10/2006 13:35:06 – © 2006 AFP