[08/10/2006 19:10:56] PARIS (AFP) Le gouvernement a apporté dimanche son soutien au PDG d’Airbus Christian Streiff qui, engagé dans un bras de fer avec sa maison mère EADS, aurait menacé de démissionner pour obtenir les moyens de mettre en oeuvre son plan de redressement de l’avionneur européen. “Il fait un formidable travail et donc je pense qu’il n’y a aucune raison qu’il y ait une démission de la part de M. Streiff dont je veux saluer le travail important qu’il a fait au cours des dernières semaines pour engager l’entreprise dans la voie du redressement”, a déclaré Dominique de Villepin, interrogé au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. Le Premier ministre a souhaité “qu’Airbus ait les moyens de son redressement”, tout en assurant qu’il fallait être “vigilant en matière d’emploi”. Des rumeurs insistantes ont circulé en fin de semaine sur une démission de M. Streiff. Elles ont été démenties par Airbus. Pourtant, le PDG nommé il y a trois mois brandit bel et bien cette menace pour faire passer son plan drastique qui prévoit des réductions de coûts, des suppressions d’emplois et une vaste réorganisation industrielle, a-t-on appris de source proche de l’avionneur. L’annonce du plan a été faite dans la foulée de celle du nouveau report de livraison de l’avion géant A380 d’un an en moyenne, ce qui porte le retard total de ce programme phare à deux ans. “Nous voulons lui donner ces moyens”, a encore dit M. de Villepin à propos de M. Streiff en soulignant que “des discussions sont engagées entre Airbus et EADS pour simplifier le processus de décision interne aujourd’hui trop complexe”. “Des décisions sont nécessaires, elles doivent être prises”, a-t-il dit. Le Premier ministre a estimé que la “première responsabilité” était celle des “actionnaires privés”, en l’occurence le français Lagardère et l’allemand DaimlerChrysler. EADS est détenu à parité par les Français (15% de l’Etat et 7,5% de Lagardère) et les Allemands (via les 22,5% de DaimlerChrysler). “L’Etat veut conforter notre filière aéronautique”, a souligné M. de Villepin. Interrogé sur la question de l’équilibre franco-allemand au sein d’EADS et d’Airbus, il a plaidé pour “l’efficacité” et la nécessité “d’apporter des réponses à l’entreprise”. “On doit être guidé par l’excellence et un regard opérationnel”, a-t-il insisté. Soucieux de faire voler en éclat les “tabous” pesant sur la répartition très politique des tâches entre sites de production français et allemands, au nom d’une efficacité accrue, M. Streiff suggère notamment de rapatrier à Toulouse toutes les opérations de l’A380 et de confier en échange l’assemblage de toute la gamme A320 à Hambourg (nord de l’Allemagne). Cette nouvelle crise au sein d’EADS devrait trouver son dénouement la semaine prochaine. “Il faut aboutir d’ici le 12 octobre”, date du prochain Conseil des ministres franco-allemand à l’Elysée, selon un bon connaisseur du dossier. Parallèlement, la compagnie aérienne Emirates de Dubaï, le plus important client d’Airbus pour l’A380 avec 43 appareils commandés, a demandé au groupe une compensation de 150 millions de livres (223 millions d’euros) pour le retard de livraison, selon le journal The Observer paru dimanche. Cela correspond à une indemnité d’environ 5 millions d’euros par avion. Virgin Atlantic, propriété de l’homme d’affaires britannique Richard Branson, envisagerait d’ailleurs de réclamer 20 millions de livres (30 millions d’euros) pour le retard des six A380 qu’elle a commandés, selon The Observer. |
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