[09/10/2006 15:27:12] PARIS (AFP) La saga judiciaire autour de l’ex-homme d’affaires français Bernard Tapie a connu un nouveau rebondissement lundi, la plus haute juridiction française ayant annulé une décision lui octroyant 135 millions d’euros dans un litige l’opposant à l’Etat sur la cession du groupe de sport Adidas. La Cour de cassation, saisie par le Consortium de réalisation (CDR), organisme public chargé d’assumer la gestion passée du Crédit Lyonnais (banque alors publique désormais privatisée), a annulé une décision favorable à M. Tapie et demandé que l’affaire soit rejugée. Le 30 septembre 2005, la Cour d’appel de Paris avait condamné l’Etat, par le biais du CDR, à verser à M. Tapie 135 millions d’euros, estimant que le Crédit Lyonnais avait sciemment sous-estimé la valeur du groupe de sport Adidas lors de sa cession à Robert Louis-Dreyfus en 1993-1994. Devant la Cour de cassation, l’avocat général avait requis la semaine dernière confirmation de cette décision, estimant que le Crédit Lyonnais avait commis “une faute massive” car la banque “avait obligation d’informer le groupe Tapie” sur l’offre réelle faite par Robert Louis-Dreyfus pour le rachat d’Adidas. Sa plaidoirie avait donc laissé entrevoir une décision favorable à M. Tapie. Finalement, contre toute attente, la Cour de cassation a conclu lundi que la Cour d’appel avait commis plusieurs erreurs de droit dans son examen du litige. “Aucune faute n’est en l’état caractérisée à l’encontre” du Crédit Lyonnais, a-t-elle estimé. L’affaire a été une nouvelle fois renvoyée devant la Cour d’appel de Paris, qui devra la rejuger intégralement. Dans une première réaction, Bernard Tapie, 63 ans, s’est dit “très surpris” d’une décision dont il a contesté les motivations. Symbole de la réussite dans les années 1980 en France, associé à l’idée d'”argent facile” liée à cette époque, M. Tapie – devenu comédien- estime avoir été victime dans l’affaire Adidas d’une “opération politique” visant à “l’éliminer”. Après avoir connu la gloire dans le football (président du club de Marseille) et la politique (ministre sous la présidence de François Mitterrand) avant de connaître la ruine et la prison, M. Tapie réclamait à l’origine près d’un milliard d’euros à l’Etat pour compenser le préjudice subi, selon lui, lors de la vente du groupe Adidas. Lorsqu’il a été nommé ministre de la Ville en 1992, Bernard Tapie avait confié à sa banque partenaire, le Crédit Lyonnais, le soin de revendre Adidas pour un montant égal ou supérieur à 317 millions d’euros. La banque va trouver en secret un accord avec l’homme d’affaires Robert-Louis Dreyfus pour lui vendre Adidas le double du prix demandé et va, en attendant, se porter acquéreur d’une majorité des titres de la société. Fin décembre 1994, Robert-Louis Dreyfus achète la totalité d’Adidas pour 708 millions d’euros. L’entrée en Bourse d’Adidas est effective quelques mois plus tard: le groupe est alors valorisé 1,67 milliard d’euros. Bernard Tapie se bat depuis 1996 contre le CDR pour récupérer une partie de la plus-value dont il estime avoir été grugé. |
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