Gallois remplace Streiff à la tête d’Airbus et garde la coprésidence d’EADS

 
 
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Montage-photo des portraits du PDG d’Airbus démissionnaire Christian Streiff (g) et de son successeur Louis Gallois, co-président d’EADS (Photo : Leon Neal)

[09/10/2006 18:26:15] PARIS (AFP) Christian Streiff a quitté la direction d’Airbus lundi soir, après 100 jours seulement en fonction, et a été immédiatement remplacé par Louis Gallois, co-président français de la maison mère EADS, qui profite de ce départ pour placer l’avionneur européen sous sa tutelle directe.

“EADS a annoncé la démission de Christian Streiff (…) et a nommé Louis Gallois en tant que CEO d’Airbus, avec effet immédiat”, a indiqué le groupe européen d’aéronautique et de défense, mettant fin à plusieurs jours de crise sur la gouvernance d’Airbus, en pleine tourmente.

M. Gallois cumulera la présidence de l’avionneur et les fonctions exécutives chez sa maison mère où il avait été nommé en juillet après 10 ans passés à la SNCF. Son homologue allemand chez EADS, Tom Enders, reprend sous son autorité les activités restantes du groupe européen (hélicoptères, espace).

Malgré le départ de M. Streiff, EADS réaffirme “son soutien unanime au plan +Power8+” de redressement d’Airbus, présenté par l’ancien PDG après l’annonce de nouveaux retards du programme d’avion géant A380, et avalisé le 3 octobre.

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Direction et actionnariat d’EADS

Ce plan prévoit des réductions de coût de deux milliards d’euros par an à partir de 2010, des suppressions d’emploi et une vaste réorganisation industrielle impliquant une redistribution des tâches entre sites de production européens.

En marge d’une réunion à Luxembourg, le ministre français de l’Economie Thierry Breton a appelé lundi soir à la mise en oeuvre “sans délai” de ce plan.

La résolution de cette nouvelle crise intervient trois jours avant un conseil franco-allemand à l’Elysée, au cours duquel le dossier Airbus sera abordé.

EADS est détenu à parité par les Français (15% Etat et 7,5% Lagardère) et les Allemands (22,5% DaimlerChrysler).

“Le gouvernement estime que c’est une bonne chose d’avoir une seule ligne de management entre EADS et Airbus”, a aussi commenté M. Breton.

La nouvelle structure de direction, qui entérine une plus grande intégration d’Airbus à EADS, “permettra une gouvernance plus simple et plus efficace”, a aussi fait valoir le groupe, qui voulait réduire la traditionnelle autonomie de l’avionneur européen, tenue responsable des déboires actuels.

C’est justement de cette tutelle que voulait s’affranchir M. Streiff, arrivé en juillet. Il avait envoyé la semaine dernière sa démission en exigeant plus de liberté pour mettre en oeuvre son plan de redressement. Dans un entretien à paraître mardi dans Le Figaro, M. Streiff explique que “le mode de gouvernement d’entreprise d’Airbus ne permettait pas la réussite” de son plan.

Du côté d’EADS, on estime que M. Streiff avait été prévenu de ces futures règles dès sa nomination. En interne, on lui reproche également un “manque de diplomatie” incompatible avec ses fonctions, qualités au contraire reconnues à son successeur.

“Louis Gallois, lui, a réussi à transformer la SNCF, une entreprise publique lourdement déficitaire, en groupe profitable à l’écoute de ses clients, sans coup d’éclat”, souligne une source proche d’EADS.

Outre l’application d’une restructuration socialement et politiquement sensible, aussi bien en Allemagne qu’en France, M. Gallois, ancien patron d’Aerospatiale, ancêtre d’EADS, va devoir s’atteler rapidement à un autre dossier délicat: celui de l’A350.

EADS “prendra sa décision sur l’A350 XWB dans les prochaines semaines”, s’est contenté de dire le groupe lundi soir, sans plus de précisions sur un éventuel lancement industriel du nouveau long-courrier dont le coût est désormais évalué à quelque 9 milliards d’euros.

 09/10/2006 18:26:15 – © 2006 AFP