Le Nobel d’économie à l’Américain Edmund Phelps

 
 
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L’économiste américain Edmund S. Phelps, lors d’une conférence de presse à l’Université de Columbia de New York le 9 octobre 2006 (Photo : Stephen Chernin)

[09/10/2006 19:08:54] STOCKHOLM (AFP) Le prix Nobel d’économie a été décerné lundi à l’Américain Edmund S. Phelps pour avoir démontré que la priorité donnée à une politique anti-inflationniste avait des effets bénéfiques à long terme sur la croissance.

Son travail à la fin des années 60 sur les arbitrages de politique macroéconomique a permis d'”approfondir notre compréhension des relations entre effets à court et long terme”, a indiqué l’académie royale suédoise des sciences dans ses attendus.

“J’espérais avoir ce prix mais je ne savais pas quand. J’ignorais si je l’aurais, à l’âge de 60 ans, de 70 ans, de 80 ans…”, a déclaré le professeur âgé de 73 ans.

Phelps, professeur d’économie à l’Université de Columbia de New York, recevra le prix doté de 10 millions de couronnes suédoises (environ 1,1 million d’euros) le 10 décembre prochain à Stockholm.

“C’est un grand modernisateur de la pensée de Keynes” (économiste britannique John Maynard Keynes), a commenté Xavier Timbaud, Directeur du Département Analyse et Prévision de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE), auquel M. Phelps est associé.

Selon lui, il a contribué à donner des fondements théoriques aux intuitions de Keynes en matière de politique économique.

Néo-keynésien favorable à un certain degré d’intervention des pouvoirs publics dans l’économie, et opposé à la seule régulation par les marchés, M. Phelps a en outre montré en quoi la politique économique avait un intérêt.

“Par rapport aux économistes néo-classiques qui souvent énoncent un théorème d’impossibilité +il n’est pas possible de faire mieux que le marché+, Phelps a suivi une voie de recherche complètement différente qui consiste à montrer qu’il fallait compléter le marché par la politique économique”, souligne M. Timbaud.

Jérôme Glachant, conseiller scientifique au Conseil d’analyse économique (CAE) relève de son côté que l’Américain a su compléter la pensée de Milton Friedman (Prix Nobel d’économie en 1976 et père de la théorie monétariste), avec la définition notamment du “taux de chômage naturel”, à savoir le taux de chômage au-dessous duquel des tensions inflationnistes risquent de naître”.

L’académie a relevé que les analyses de l’Américain avaient porté sur la façon de concilier des impératifs parfois contradictoires, comme inflation et chômage, pour définir une politique économique.

“Il a démontré comment les politiques de stabilisations macroéconomiques du futur dépendaient des décisions prises aujourd’hui: une inflation basse aujourd’hui induit une inflation basse à l’avenir”, explique le comité.

Selon Edmund Phelps, les anticipations et leur contenu ont une influence déterminante et jouent un rôle crucial sur l’efficacité de la politique monétaire.

Les recherches de Phelps à la fin des années 60 et au début des années 70 “ont changé notre façon de percevoir l’interaction entre inflation et chômage”, permettant de mieux comprendre les causes profondes des deux phénomènes, a ajouté le jury.

“L’inflation ne dépend pas seulement du chômage mais aussi des attentes des entreprises et des employés sur l’augmentation des prix et des salaires”, selon le professeur.

L’Américain a en outre analysé le rôle fondamental joué par l’éducation ainsi que par la recherche-développement dans les processus de croissance.

L’année dernière, le prix Nobel d’économie avait été attribué à l’Américain Thomas Schelling et à l’Israélo-américain Robert Aumann pour “avoir amélioré notre compréhension des conflits et de la coopération au moyen de la théorie des jeux”.

Pour la saison 2006 des Nobel, tous les prix (médecine, physique, chimie, économie) ont récompensé des Américains.

Deux Nobel restent encore à décerner cette année. Jeudi, le prix de littérature sera annoncé à Stockholm et le Nobel de la paix vendredi à Oslo.

La fondation Nobel

 09/10/2006 19:08:54 – © 2006 AFP