Je
l’ai pressenti depuis quelques semaines déjà. Je savais que ce ramadan
allait être difficile et allait ramener son lot d’âneries humaines. Mais il
semblerait que les événements de ce ramadan 2006 aient dépassé mes attentes
bien que celles-ci n’étaient pas franchement optimistes. Carnet de bord de
ramadan 2006 en trois épisodes. (3/3)
Choufli hall :
pour finir avec ces chroniques ramadanesques, il est peut-être bon de
revenir un peu sur la télé et de rendre à Hatem Belhadj ce qui appartient à
Hatem Belhadj, en l’occurrence sa sitcom Choufli hall (signifiant trouve moi
une solution) sur Tunis 7. C’est la moins pire des productions de la télé
cette année. Son taux d’audimat risque d’être le plus important après le jeu
de hasard télévisé Dlilek Mlek. Je regarde autour de moi, et tout le monde
semble satisfait par les sketchs admirablement joués par Mouna Noureddine,
Kamel Touati and co.
Comme il brille par ses chroniques journalistiques, Hatem brille d’une année
à l’autre par ses scénarios pour la télé. Il n’a pas refait le monde, il ne
donne pas de leçons et il reste humble en proposant un simple miroir de la
société. Il ne fait que relever des faits de société de tous les jours de
citoyens lambda. Et ça marche.
J’ai
lu, de par mes fonctions, toutes les critiques relatives à cette sitcom et
elles étaient unanimes (excepté une seule) pour louer cette production.
L’exception vient d’un hebdo arabophone et je suis resté bouche bée devant
le contenu de cette critique. L’auteur ne supporte pas de voir le jeune
Sbouï demander à sa fiancée Azza des … bisous en plein mois de ramadan !
Quand il y a une guerre, du sang, des paris, des jeux de hasard, ça le
monsieur supporte, mais quand il y a une demande de bisou (parce qu’il n’y a
pas eu de bisou, mais seulement des demandes, et on ne parle jamais au grand
jamais de baiser), ce monsieur crie au scandale ! Alors, on a beau faire
dans l’économie et les télécoms, parler de l’ADSL et du wimax, certains
demeurent accrochés au persil et aux bisous et les économistes, décideurs,
artistes et créateurs du pays doivent faire avec. Et ce n’est pas du tout
facile ! Choufoulna hall (signifiant trouvez nous une solution).
Autorisations : Les magasins
sont autorisés à ouvrir le soir depuis le samedi dernier. Désormais, ces
boutiques pourront faire en toute légalité ce qu’elles faisaient les 15
premiers jours du ramadan en toute illégalité. Je ne comprends décidément
pas ces autorisations accordées à des gens qui se l’accordent de toute
façon. Demain, on pourra s’attendre à ce que les entreprises soient
autorisées à organiser des jeux de hasard par SMS, à ce que les fruitiers et
bouchers augmentent leurs prix, à ce que les cafetiers fassent de la vente
conditionnée, etc.
Cirque :
Il y a un cirque aux Berges du Lac. Un cirque italien. Ailleurs, et partout,
il y a un cirque tunisien. Le premier est payant, mais le second est
gratuit. N’oublions cependant pas que le gratuit coûte cher.
Aïd :
L’aïd approche à grands pas. Bientôt, les magasins vont nous afficher, pour
faire plaisir aux autorités, des soldes à l’occasion.
Et
de ces soldes, vous ne verrez que le titre puisque, en théorie, et vu tout
ce qui a précédé cet aïd (voir les précédentes chroniques), vous n’avez plus
de solde dans votre compte.
Double séance : Bientôt le
retour à la double séance. Ceux qui ne dormaient que le jour au bureau, vont
pouvoir dormir le matin et faire la sieste l’après midi (à l’occasion de
siestes grenadines). Ceux qui travaillaient le matin vont pouvoir travailler
matin et soir (à l’occasion de la vraie rentrée). Une chose est certaine,
c’est que la productivité va recevoir un joli et sérieux coup de fouet et
c’est ce qu’on attendait depuis plus de quatre mois ! Il était temps.