[13/10/2006 10:04:19] TOKYO (AFP) Le gouvernement japonais a durci vendredi ses sanctions unilatérales contre la Corée du Nord, en décrétant notamment un embargo commercial total afin de la punir après l’annonce de son essai nucléaire, en dépit des menaces de représailles de Pyongyang. Ces mesures de rétorsion supplémentaires, décidées dès mercredi, prennent effet à partir de vendredi minuit (15H00 GMT) pour une durée initiale de six mois. Outre la suspension des importations, elles interdisent à tous les navires nord-coréens de faire escale dans les ports de l’Archipel. Elles bannissent aussi depuis mercredi l’accès du territoire nippon aux ressortissants de nationalité nord-coréenne. La vingtaine de cargos nord-coréens encore à quai dans les ports japonais s’empressaient vendredi de lever l’ancre, entassant toutes sortes de marchandises à bord avant l’entrée en vigueur de l’embargo. Les autorités japonaises espèrent que ces nouvelles sanctions porteront un coup dur à la dictature communiste de Pyongyang. Le Japon importe essentiellement de Corée du Nord des crabes, des oursins coquillages, du charbon à coke et des champignons, bon marché. L’exportation de produits de la mer et de champignons “est une source de financement pour l’armée” nord-coréenne, a souligné le ministre de l’Industrie et du Commerce nippon Akira Amari. “Je pense qu’il y aura un impact considérable”, a assuré M. Amari. Beaucoup d’analystes estiment au contraire que les conséquences de l’embargo seront limitées pour la Corée du Nord, dont les principaux partenaires commerciaux sont la Chine et la Corée du Sud. “Je ne pense pas que l’effet des sanctions japonaises sera significatif”, a jugé Lee Yong-hwa, expert de la Corée du Nord basé au Japon. Selon une étude officielle, le commerce bilatéral entre le Japon et la Corée du Nord s’est élevé à seulement 21,2 milliards de yens en 2005 (141 millions d’euros), deux fois moins qu’en 2000. La Corée du Nord ne représente que 0,02% de la totalité du commerce extérieur nippon. Pyongyang a néanmoins juré d’exercer de “fortes représailles” contre le Japon en cas de sanctions. “Leur contenu spécifique deviendra évident… Nous ne prononçons jamais de paroles en l’air”, a averti un diplomate nord-coréen interrogé mercredi par l’agence de presse japonaise Kyodo à Pyongyang. La police nippone a élevé son niveau d’alerte sur tout le territoire, mettant en garde contre des “activités malveillantes” d’agents nord-coréens, notamment de possibles attentats visant des établissements gouvernementaux. Le Japon est sur les dents à chaque regain de tension avec Pyongyang depuis le tir de missile balistique nord-coréen “Taepodong-1” qui avait survolé son territoire en 1998. La Corée du Nord est distante d’à peine 500 km des côtes du Japon, fidèle allié des Etats-Unis et bête noire de Pyongyang. Après les tirs de missiles du 5 juillet dernier, Tokyo avait déjà infligé une série de sanctions économiques contre Pyongyang, fermant ses ports à un gros ferry nord-coréen et suspendant les visites de diplomates. Depuis, le Japon a aussi soumis au contrôle gouvernemental tous les mouvements de fonds en provenance ou à destination de la Corée du Nord. Ce qui revient, de facto, à entraver considérablement les transferts d’argent effectués par l’importante communauté nord-coréenne au Japon. En dehors des sanctions unilatérales, Tokyo est favorable à une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui permet de prendre des sanctions économiques et politiques et peut ouvrir la voie à des mesures de type militaire. |
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