France : l’inflation au plus bas depuis 5 ans en septembre

 
 
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Supermarché à Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[13/10/2006 12:06:38] PARIS (AFP) L’inflation française est tombée en septembre à son plus bas niveau depuis cinq ans, la hausse des prix n’atteignant que 1,2% en glissement annuel, grâce à la baisse marquée des prix pétroliers, ce que les économistes voient avant tout comme une bonne nouvelle pour la consommation.

En septembre, l’indice des prix a reculé par rapport à août (-0,2%). Alors que l’inflation en glissement annuel était encore à 1,9% en août, elle est retombée à 1,2% en septembre. Il faut remonter à novembre 2001 pour retrouver un niveau si faible.

Une explication évidente s’impose: le recul des cours du pétrole. “Le prix du baril brent a tout de même perdu 15% au mois de septembre, en dollars! Du coup, les prix des produits pétroliers ont diminué de 4,3% en septembre, et ceux des produits énergétiques, qui représentent plus de 8% de la consommation totale des ménages, de 2,6%”, souligne Nicolas Bouzou, du cabinet de conjoncture Asterès.

A ce recul s’est ajouté celui des prix des services (-0,6% par rapport à août) qui ont “créé la surprise”, selon Mathieu Kaiser (BNP Paribas). Ces prix subissent “traditionnellement une correction saisonnière liée à la fin des vacances: les prix des voyages, de l’hôtellerie et de la restauration baissent après leur augmentation estivale”, rappelle cet économiste. Mais “en moyenne, sur les cinq dernières années, la correction n’avait pas dépassé 0,3%”.

Du coup, “si le prix du baril continue de refluer et si les prix des produits frais reculent un peu, l’inflation pourrait progressivement repasser sous la barre des 1% comme à la fin des années 90”, prédit Nicolas Bouzou.

Pour Alexandre Bourgeois (Natexis Banques populaires), “après 1,7% cette année, les prix à la consommation ne devraient progresser que d’à peine 1,5% en moyenne l’an prochain”. Mathilde Lemoine (HSBC) prédit pour sa part +1,9% en 2006 et +1,7% en 2007.

Cette faiblesse de l’inflation est “de toute évidence une très bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des ménages, qui a repris des couleurs en 2006”, souligne Alexander Law, du cabinet d’analyses sectorielles Xerfi.

“A chaque fois que l’inflation perd du terrain, ce sont autant de gains de pouvoir d’achat que récupèrent les ménages”, renchérit Nicolas Bouzou. Ce qui tombe plutôt bien, puisque la croissance française est principalement tirée par une consommation dont la vigueur ne cesse d’étonner les spécialistes.

Mais, comme toujours, les indices macroéconomiques sont à double tranchant. “Si on regarde du côté de la demande, la faiblesse de l’inflation est positive à court terme”, explique Mathilde Lemoine. Mais “du côté de l’offre, on s’aperçoit que les entreprises prennent sur leurs marges” pour faire face à la concurrence, ce qui “n’est pas bon pour les investissements. C’est donc assez négatif à moyen terme”, selon elle.

Le repli de l’inflation, qui s’observe dans d’autres pays de la zone euro, notamment en Allemagne, rend “d’autant plus regrettable la posture de la Banque centrale européenne”, estime Alexander Law.

Depuis 10 mois, la BCE augmente en effet régulièrement ses taux d’intérêts, son président Jean-Claude Trichet estimant que les risques inflationnistes en zone euro “demeurent nettement orientés à la hausse”.

La BCE tolère jusqu’à 2% d’inflation en zone euro où elle n’a pas dépassé 1,8% en septembre.

Pour Nicolas Bouzou, si la tendance actuelle se poursuit, “on voit mal comment l’institution de Francfort va pouvoir justifier le fait d’augmenter ses taux directeurs en décembre, comme elle l’a déjà quasiment annoncé”.

 13/10/2006 12:06:38 – © 2006 AFP