Chine : incertitudes sur les prochaines règles pour les banques étrangères

 
 
SGE.BON30.131006091702.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
Siège de la banque britannique HSBC à Hong Kong, le 5 octobre 2006 (Photo : Mike Clarke)

[13/10/2006 09:33:12] PEKIN (AFP) La Chine devrait publier prochainement de nouvelles règles sur les opérations en yuans des banques étrangères installées sur son sol, sans lever toutes les restrictions pesant encore sur elles, malgré ses engagements auprès de l’OMC.

“Rien que le fait d’avoir une loi sur les banques étrangères est discriminatoire et donc contraire aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce”, relève d’emblée un expert européen.

Selon le China Daily, ces règles devraient notamment conserver des contraintes en matière de dépôts et de ratio maximal crédit/dépôts.

Les banques étrangères ne pourraint ainsi accepter de dépôts en yuans inférieurs à un million (125.000 dollars) et continuer à se voir imposer un ratio maximum prêts/sur dépôts de 75%.

Selon des estimations occidentales, les banques chinoises ont un ratio moyen de 67% mais, vu l’ampleur des dépôts dans leurs coffres, disposent d’une longueur d’avance.

Quant au montant minimum de 125.000 dollars, “il empêchera la plupart des Chinois de déposer leur argent dans ces banques”, coupant ainsi celles-ci de la masse des épargnants, dont le bas de laine au total atteignait 1.721,25 milliards de dollars fin 2005, se plaignait ainsi récemment un banquier étranger cité par la presse.

“Mais c’est exactement ce que veulent les étrangers: la crème de la crème!”, contredit pour sa part un de ses confrères occidentaux interrogé par l’AFP.

Pékin passe pour être soucieux de préserver ses banques, criblées de créances douteuses, pas toutes engagées sur la voie d’une bonne gouvernance, face à une arrivée massive de concurrents étrangers performants.

Le gouvernement estime en outre avoir bien progressé sur la voie de l’ouverture de son secteur financier, qui doit être effective le 11 décembre 2006, cinq ans après son adhésion à l’OMC.

“La réforme a enregistré beaucoup de résultats. Aujourd’hui 71 banques étrangères ont établi plus de 200 succursales”, soulignait ainsi le gouverneur de la Banque centrale Zhou Xiaochuan en septembre.

Les étrangers peuvent effectivement prendre des participations dans les banques chinoises (dans une limite inférieure à 20% pour un seul investisseur, 25% pour un groupe). La plupart des grandes villes leur sont aujourd’hui ouvertes et ils peuvent aussi acquérir des licences RMB (renminbi, autre nom du yuan).

Mais ils doivent toujours respecter un capital requis élevé, “dix fois supérieur à ce qui est demandé à une banque chinoise pour opérer dans l’Union européenne”, relevait au printemps dernier une étude du groupe de conseil Eurogroup.

Le gouvernement souhaiterait aujourd’hui encourager les étrangers à se faire enregistrer localement, plutôt que d’établir des branches pour leurs opérations en yuans.

“Les autorités pensent avoir un meilleur contrôle sur l’établissement ‘incorporé localement’, opérant comme une filiale, alors qu’une branche travaille directement sur le capital de la maison mère”, estime le banquier occidental.

Pourtant, en cas par exemple de crise majeure en Chine, “la maison mère pourrait prendre ses distances avec l’établissement incorporé localement”, note-t-il.

Mais un autre de ses confrères, ayant également requis l’anonymat, s’insurge contre un statut qui “veut dire opérer avec d’autres règles que celles de la maison mère, être soumis aux normes chinoises – notamment comptables”.

Quels que soient les couacs de l’ouverture, plusieurs établissements étrangers auraient déjà accepté les futures règles chinoises.

Et, même si fin 2006 toutes les barrières ne sont pas supprimées et “quelques décalages perdurent, l’ouverture, c’est une vague de fond. Elle est inéluctable”, souligne Jean-Marc Guyot, associé chez Eurogroup.

 13/10/2006 09:33:12 – © 2006 AFP