[13/10/2006 10:39:40] MOSCOU (AFP) Partie de zéro, la Société Générale commence à se faire un nom en Russie où elle s’efforce d’attirer une population traditionnellement méfiante à l’égard des banques russes, mais friande de crédits. La banque française a créé sa propre enseigne, Bank Société Générale Vostok (BSGV), en 1993, deux ans après la chute de l’Union soviétique. D’abord destinée aux entreprises, BSGV a décidé dix ans plus tard de s’ouvrir aux particuliers pour profiter du boom de la demande de crédits, alimenté par la croissance soutenue de l’économie russe. La population, échaudée par la crise bancaire de 1998 dans laquelle nombre de clients ont perdu leurs économies, reste très méfiante à l’égard des banques, préférant souvent le bon vieux bas de laine. Seul un Russe sur dix, et moins d’un Moscovite sur trois, détient un compte en banque, là où 99% de la population française est bancarisée, a relevé jeudi le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, lors d’une conférence de presse à Moscou. Ni l’assassinat, le 14 septembre, du vice-président de la Banque centrale russe Andreï Koslov, ni la volonté de Moscou de tenir à distance certains investisseurs étrangers, notamment dans le secteur énergétique, ne semblent avoir entamé la détermination des banques étrangères à poursuivre l’aventure. Début octobre, la Société Générale, qui détient déjà 20% du capital de Rosbank, deuxième banque privée russe, a pris une option d’achat sur 30% supplémentaires, qu’elle peut exercer jusqu’à fin 2008. L’intérêt de cette prise de contrôle serait de lui fournir clés en main un réseau national de 705 agences, couvrant 80% du territoire, alors qu’ouvrir une agence reste pour une banque étrangère un vrai casse-tête. En attendant, BSGV, qui compte 46 agences dans neuf régions, joue la carte de la “fiabilité” occidentale, selon son président Marc-Emmanuel Vives. Plusieurs groupes bancaires étrangers ont fait le même pari en Russie, avec en tête l’autrichien Raiffeisen qui compte un peu moins d’une centaine de guichets, l’italien Unicredito et l’américain Citibank ayant une implantation comparable à celle de la Société Générale. “L’avantage qu’offrent les banques étrangères, par rapport aux banques russes, c’est leur solidité en cas de crise financière, mais aussi leur capacité à donner en permanence une information aussi complète que possible au client”, explique M. Vives à l’AFP. Autre atout, selon lui: la qualité de service, “qui n’est pas seulement technique, mais concerne l’accueil, l’attention portée au client”, dans un pays qui “n’a pas une tradition de commerce très importante, pour des raisons historiques évidentes”. La “bancarisation se fait petit à petit”, par le truchement du crédit ou le virement du salaire, explique-t-il. Plus du tiers des clients de BSGV sont ainsi employés dans des entreprises qui lui ont confié le paiement des salaires. Tatiana Stepanenko, une Moscovite d’une cinquantaine d’années, explique qu’elle a “un compte à la Sberbank” (la première banque publique du pays) où son salaire d’enseignante est viré, “mais le reste de ma paie, je le garde chez moi”. “Les Russes n’ont pas confiance dans les banques car certains ont tout perdu pendant la crise de 1998” tandis que le souvenir de l’hyperinflation qui a suivi l’effondrement de l’URSS en conduit certains à consommer plutôt qu’épargner, ajoute-t-elle. Toutefois, “la jeune génération se tourne facilement vers le crédit pour acheter sa voiture ou son électroménager”, ajoute Tatiana. Outre BSGV, la Société Générale a deux filiales en Russie: Rusfinance, une société de crédit à la consommation, et Deltacredit, qui opère sur le marché balbutiant du crédit à l’habitat. La banque emploie au total 6.700 personnes. |
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