[13/10/2006 17:56:14] BRUXELLES (AFP) Echaudé par sa condamnation spectaculaire en mars 2004 pour abus de position dominante, Microsoft a annoncé vendredi des concessions sur son nouveau système d’exploitation, Windows Vista, afin d’apaiser la Commission européenne, déjà sur le pied de guerre. Le porte-parole européen à la Concurrence Jonathan Todd a répété que ce n’était “pas à la Commission de donner un feu vert définitif avant la mise sur le marché de Vista”, mais bien à l’Américain “d’assumer ses responsabilités de quasi-monopole”. Même si la Commission refuse de crier victoire –histoire de maintenir la pression–, elle a pourtant de quoi se réjouir. Car, après huit ans de conflit avec Bruxelles au sujet de l’ancienne version de Windows, Microsoft semble avoir tiré les leçons du passé. Il y a encore un mois, les échanges acerbes entre le groupe et la Commission n’auguraient pourtant rien de bon. Les premiers accrochages remontent au mois de mars. La commissaire à la Concurrence Neelie Kroes avait alors prévenu Microsoft qu’il ne pourrait commercialiser Vista tel quel en Europe, car il soulevait des problèmes de concurrence. Bruxelles redoutait notamment que la configuration de Vista, qui privilégie son propre système de sécurité informatique, ne gêne les produits similaires des concurrents. Ces derniers mois, les principaux éditeurs de logiciels anti-virus, Symantec et McAfee, ont d’ailleurs multiplié les attaques contre Microsoft, craignant d’être les nouvelles victimes du groupe américain, déjà tombeur du navigateur internet Netscape, évincé par Internet Explorer. Ils protestent contre le “centre de sécurité” que Microsoft prévoit d’intégrer dans Vista. Tableau de bord où Microsoft rassemble les logiciels de sécurité installés sur l’ordinateur (pare-feu, antivirus…), il est actuellement inamovible. Contrairement aux versions précédentes de Windows, le consommateur ne peut remplacer automatiquement ce centre de sécurité par un système concurrent, Microsoft l’obligeant à faire cohabiter les deux systèmes, comme un conducteur qui aurait deux volants. Estimant que Bruxelles lui mettait des bâtons dans les roues, le groupe avait annoncé qu’il envisageait de retarder la commercialisation de Vista en Europe, initialement prévue en janvier pour les particuliers. Mais, coup de théâtre, la commissaire Kroes a déclaré vendredi en Italie que Microsoft comptait lancer Vista dans les temps. Une information confirmée quelques minutes plus tard par le groupe. Le patron de Microsoft, Steve Ballmer, dit avoir eu “un dialogue constructif” avec la Commission, “s’engageant à suivre la loi locale dans chaque région du monde”. Microsoft assure avoir “apporté de nombreuses modifications à Windows Vista, en réponse aux observations de la Commission”. Des changements ont également été introduits dans la version coréenne, afin de respecter la condamnation pour abus de position dominante prononcée en décembre 2005 par les autorités de concurrence coréennes. Concrètement, Microsoft a répondu vendredi aux trois grosses inquiétudes de la Commission. Sur les questions de sécurité, il “s’est engagé” à ce que les consommateurs puissent remplacer automatiquement le centre de sécurité Microsoft par un produit concurrent. Pour satisfaire des moteurs de recherche comme Google, il prévoit que les consommateurs qui passeront de Windows XP à Windows Vista puissent installer le moteur de leur choix, au lieu de voir automatiquement installé le moteur de recherche précédemment installé par défaut dans XP. Enfin, concernant le format de visualisation des documents XPS –qui effraie cette fois le groupe Adobe, éditeur du format PDF–, Microsoft accepte qu’il soit transformé en une norme utilisable par tous. Ainsi, un document en format XPS pourra être ouvert sans problème par quelqu’un utilisant le logiciel Adobe. |
||
|