[14/10/2006 09:34:49] SAO PAULO (AFP) La bataille pour l’élection présidentielle au Brésil s’est placée cette semaine sur le terrain économique, le président Lula accusant le social-démocrate Geraldo Alckmin de vouloir privatiser de grandes entreprises et réduire brutalement les dépenses publiques. Les responsables de la campagne de Lula se sont emparé des déclarations d’un conseiller de Geraldo Alckmin, l’économiste Yoshiaki Nakano, qui préconise une réduction des dépenses publiques de quelque 28 milliards de dollars dès l’an prochain, soit l’équivalent de 3% du PIB. “Non je ne vais pas réduire (les dépenses), ce n’est pas dans mon programme”, a dû rectifier sèchement Alckmin. “Dans mon gouvernement, le seul qui parle c’est moi”, a-t-il déclaré. Le programme d’Alckmin propose cependant d’éliminer le déficit public en quatre ans en réduisant les dépenses, grâce à un “choc de gestion” mêlant lutte contre les gaspillages et la corruption. Il veut ainsi réduire les impôts afin d’encourager l’investissement. Mais pour le coordinateur de la campagne de Lula, Marco Aurelio Garcia, “Nakano a dit tout haut ce que tous pensent tout bas pour ne pas compromettre la campagne électorale”. “Je ne comprends pas comment on peut couper 60 milliards de reals du budget en un an. A moins de faire exploser une bombe atomique et d’en finir avec tous les programmes sociaux”, a commenté de son côté le ministre des Finances Guido Mantega.
Allumant un contre-feu, M. Alckmin a déclaré vendredi qu’il comptait au contraire augmenter le programme de lutte contre la pauvreté Bourse-famille dont bénéficient actuellement 11,1 millions de familles. Accusé par Lula de vouloir privatiser la compagnie pétrolière Petrobras et des banques publiques pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, Alckmin multiplie les dénégations. “Que le président Lula montre à quelle page de mon programme de gouvernement il est fait référence aux privatisations”, a rétorqué vendredi Alckmin. Le candidat social-démocrate se fait fort de replacer le Brésil sur la voie d’une croissance de 6 à 7% par an, plus en ligne avec celle des autres pays émergents et rend le gouvernement Lula responsable de la croissance anémique (2,3% l’an dernier). Le président Lula a de son côté promis que la croissance allait s’accélérer maintenant que les grands équilibres macro-économiques sont rétablis. “Nous allons connaître un cycle de croissance de 5% ou plus dans les cinq prochaines années”, a-t-il assuré cette semaine dans un entretien avec le quotidien O Globo. Mais il reste évasif sur ses projets en matière de réforme de la sécurité sociale et de baisse des impôts. Sur le fond, les programmes des deux candidats ne présentent pas de grandes différences, en dépit de la polémique électorale, selon les analystes. “Du côté des dépenses, ils ont tous deux un programme très similaire”, constate l’économiste en chef de BNP Paribas au Brésil, Alexandre Lintz. “Les différences sont très subtiles”, même si “a priori Alckmin ferait un peu plus pour limiter les dépenses” publiques, a-t-il déclaré. |
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