[14/10/2006 11:32:42] BERLIN (AFP) Les techniques biométriques permettent-elles d’identifier à coup sûr, au milieu d’une foule, un terroriste ou un criminel présumé ? Deux cents cobayes volontaires vont tenter de le vérifier à Mayence (ouest) lors d’un test grandeur nature, organisé par la police allemande. Cette expérience unique en Europe, qui a démarré cette semaine et doit durer jusqu’en janvier, a pour objectif de tester les systèmes informatiques prétendument capables de “reconnaître” automatiquement, sur les images des caméras de vidéo-surveillance, les visages de criminels ou de personnes recherchées, en comparant ces images aux photos de suspects stockées dans un fichier. La technique, si elle s’avérait fiable, permettrait à la police d’interpeller plus facilement, au milieu d’une foule de supporteurs, des hooligans fichés comme dangereux, ou de repérer sur le quai d’une gare un enfant dont l’enlèvement aurait été signalé. Avant d’en arriver à de telles applications, la police fédérale allemande (BKA) a voulu tester la fiabilité d’un tel système. Pour ce faire elle a demandé leur aide à 200 citoyens ordinaires de la région de Mayence, ayant pour seul point commun d’être des usagers quotidiens de la gare centrale de cette ville. Chacun des cobayes, recrutés en septembre, a d’abord été photographié. Les logiciels soumis au test ont extrait de ces 200 portraits des fiches biométriques, comportant des données comme la largeur de la mâchoire ou la distance entre les yeux de chaque individu. Puis chaque participant s’est vu remettre un petit émetteur électronique, qui signalera son passage chaque fois qu’il empruntera l’escalier mécanique situé au centre de la gare. “Avec cet émetteur, nous saurons exactement lequel des cobayes sera passé au point-test, quel jour et à quelle heure. Mais les trois systèmes informatiques que nous testons, eux, ne le +sauront+ pas”, explique à l’AFP Christian Brockert, du BKA. L’enjeu est de vérifier si les logiciels identifieront malgré tout les personnes fichées sur les images des caméras, et ce quelles que soient les conditions de luminosité ou la vitesse à laquelle se déplace la personne filmée. “Il s’agit uniquement d’une expérience. Notre but n’est pas de surveiller les gens, et les logiciels ne sont en aucune façon connectés à de vrais fichiers policiers de personnes recherchées”, tient à rassurer M. Brockert. Car le test suscite bien sûr des craintes parmi les défenseurs des libertés individuelles. La police a certes présenté des garanties, expliquant notamment que les images des personnes ne faisant pas partie du panel de 200 cobayes seront effacées au bout de 48 heures. Mais le chargé de mission gouvernemental pour la protection des données, Peter Schaar, ne cache pas son inquiétude à plus long terme, si l’expérience s’avérait concluante et que “le couplage entre la vidéo-surveillance et la biométrie” venait à se généraliser. Au BKA, on rappelle que, “de toute façon, l’utilisation d’une telle technique ne pourra relever au final que d’une décision politique”. L’actualité a montré cet été que la vidéo-surveillance pouvait grandement aider les policiers chargés de la lutte antiterroriste. Ce sont des caméras qui ont en effet permis de confondre deux des suspects dans l’enquête sur le double attentat manqué du 31 juillet dans des trains régionaux allemands. L’identification biométrique, si elle avait été utilisée, n’aurait cependant pas joué un grand rôle dans cette affaire: les suspects, inconnus des services de police, n’étaient pas fichés. |
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