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[16/10/2006 16:02:43] OSLO (AFP) Des centaines d’acteurs de l’industrie pétrolière ont planché lundi à Oslo sur les moyens de rompre la “malédiction de l’or noir” qui voit l’immense majorité des trois milliards de déshérités de la planète vivre dans des pays disposant d’abondantes ressources naturelles. Autour du président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, plus de 500 personnes représentant une quarantaine de gouvernements, des institutions internationales, des groupes pétroliers et la société civile, ont réfléchi sur le thème “Faire de la transparence une norme globale”. “Quand vous pensez à l’expérience moyenne de pays qui disposent de ce qu’on pourrait appeler une rente tombée du ciel, celle-ci s’avère souvent être une malédiction plutôt qu’une bénédiction”, a affirmé M. Wolfowitz lors d’une conférence de presse. Principale cause de ce paradoxe, la corruption coûte quelque 1.000 milliards de dollars par an, selon une estimation de la Banque mondiale. “Le gâchis de la corruption est plus qu’un simple gâchis de ressources, aussi tragique cela soit-il”, a affirmé M. Wolfowitz. “Dans le pire des cas, elle transforme le gouvernement lui-même en un pilleur, ce qui se traduit par des guerres civiles et le chaos dans la société”, a-t-il ajouté. Au nombre des exemples où les ressources naturelles se sont avérées être une “malédiction”, M. Wolfowitz a cité le cas du Liberia, dévasté par deux conflits sanglants alimentés par les diamants. Les ressources minérales sont aussi couvertes par le champ de la conférence organisée par l’EITI, Initiative de transparence des industries extractives (pétrole et mines). En 25 ans, le nombre de personnes vivant dans une situation d’extrême pauvreté en Afrique sub-saharienne, pourtant riche en ressources naturelles, a doublé pour atteindre 300 millions. “Au cours des trois dernières décennies, on estime que l’Afrique a perçu 500 milliards de dollars de recettes pétrolières, dont seulement une part très minime a bénéficié à ses populations”, a déclaré M. Wolfowitz. Rares sont les exemples d’Etats qui ont su redistribuer équitablement leurs richesses à l’instar de la Norvège, troisième exportateur mondial de brut, qui amasse ses recettes pétrolières dans un gigantesque fonds de pensions, ou du Nigeria, principal producteur africain de pétrole, salué pour ses efforts contre le détournement des pétrodollars. Même dans les pays “vertueux”, les écarts ne sont pas exclus: vendredi, la compagnie pétrolière Statoil, détenue à plus de 70% par l’Etat norvégien, a admis avoir versé des pots-de-vin pour s’assurer un accès accru au marché iranien. “Je pense que les dégâts réels (de la corruption, ndlr) sont beaucoup plus importants” que les 1.000 milliards de dollars cités, a déclaré Peter Eigen, fondateur de l’ONG Transparency International spécialisée dans la lutte contre la corruption. “Les dégâts réels, ce sont une mauvaise gestion de l’économie, une mauvaise gestion des programmes d’investissements de ces pays et le résultat, c’est la pauvreté, la misère, les conflits, le terrorisme”, a-t-il ajouté. Afin d’endiguer ce fléau, les acteurs de l’EITI, dont c’était la 3e conférence pleinière, sont résolus à injecter, sur une base volontaire, davantage de transparence dans les pratiques de l’industrie. A cette fin, un panel présidé par M. Eigen a présenté 10 suggestions qui vont d’un suivi plus détaillé des pratiques de chaque pays à la création d’un secrétariat permanent en passant par une implication accrue de la société civile. L’Allemagne et la Norvège ont toutes les deux proposé d’accueillir ce secrétariat. Tout en saluant la démarche, l’ONG Oxfam a plaidé pour que l’industrie soit soumise à des “règles obligatoires et universelles”, et non pas volontaires. |
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