Prodi tente de dissiper le nuage Abertis des relations italo-espagnoles

 
 
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Le Premier ministre espagnol José luis Rodriguez Zapatero (d) avec son homologue italien Romano Prodi, le 16 octobre 2006 à Madrid (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[16/10/2006 16:39:21] MADRID (AFP) Romano Prodi a tenté lundi à Madrid de dissiper l’unique nuage dans des relations italo-espagnoles par ailleurs sereines, à savoir le projet de fusion entre les sociétés autoroutières Abertis (Espagne) et Autostrade (Italie), frappé cet été d’un veto italien.

Ce projet de fusion qui créerait la première société autoroutière en Europe, bénéficie même du “feu vert” politique de la part du gouvernement italien, s’est plu à souligner le président du Conseil italien à l’issue d’une réunion de travail avec son homologue espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.

L’opération Abertis/Autostrade ne bloque pas au niveau politique mais sur le plan de la législation italienne en matière de concessions publiques pour les entreprises autoroutières, a assuré M. Prodi qui effectuait lundi sa première visite officielle à Madrid depuis son accession au pouvoir en mai.

La réglementation italienne interdit en effet expressément les “conflits d’intérêt” entre gestion autoroutière et secteur de la construction pour éviter des appels d’offre truqués lors de travaux autoroutiers.

Or après la fusion, le groupe de construction et de services espagnol ACS, qui est l’actuel actionnaire de contrôle d’Abertis, deviendrait actionnaire de référence de la nouvelle entité.

C’est sur la foi de cette réglementation que Rome s’est opposé cet été au projet de rachat d’Autostrade par Abertis.

“Le problème n’est pas une fermeture” de l’Italie face aux intérêts espagnols mais est “lié à la réglementation des concessions autoroutières”, une législation qui, d’ailleurs, n’est “en aucun cas discriminatoire vis à vis de sociétés espagnoles ou étrangères”, a expliqué M. Prodi.

Pour le reste, les relations entre Madrid et Rome sont d’une parfaite sérénité. “Ce n’est pas une tournure rhétorique dans ma bouche que de dire que je me sens ici comme à la maison”, a souligné M. Prodi lors d’un colloque économique après ses entretiens avec M. Zapatero.

Lors de leur conférence de presse commune, MM. Prodi et Zapatero ont insisté d’une même voix, sur la nécessité de mettre en place au niveau européen une politique commune en matière d’immigration.

Le président du Conseil italien a appelé à la mise en place d’une politique de coopération européenne commune vis à vis des pays africains d’où viennent une majorité des immigrés clandestins débarquant en Espagne et en Italie.

Le chef du gouvernement espagnol a pareillement insisté sur la nécessité d’une “coopération de la part de l’Union européenne avec les pays d’émigration et les pays de transit” pour ces candidats à l’immigration.

Les deux pays feront front commun sur cette question vendredi au sommet informel européen de Lahti en Finlande.

L’Espagne et l’Italie sont aux premières loges de l’afflux d’immigrés originaires d’Afrique, qui débarquent de manière quasi-quotidienne en Sicile (sud de l’Italie) et aux Canaries (archipel espagnol au large du Maroc).

Rome a comptabilisé depuis le début de l’année plus de 16.000 clandestins interceptés sur les côtes italiennes tandis qu’un nombre record de plus de 27.200 de candidats à l’immigration est parvenu par mer aux Canaries.

Sur ce thème comme sur d’autres, les relations entretenues par les deux chefs de gouvernement de centre-gauche sont “très fluides” se plaît à souligner Madrid qui parle d’un “dialogue institutionnel spécial” entre les deux pays.

“Romano Prodi est un vieil ami qui connaît très bien notre pays”, a souligné M. Zapatero, précisant que cette réunion de travail avait servi à préparer un sommet italo-espagnol qui se déroulera en janvier dans les îles Baléares.

 16/10/2006 16:39:21 – © 2006 AFP