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[17/10/2006 09:09:21] PEKIN (AFP) L’essentiel du commerce de la Corée du Nord avec le reste du monde transite par sa frontière avec la Chine, pays qui a exprimé de vives réserves sur les inspections des échanges avec son allié visant à faire respecter les sanctions de l’ONU. Plus de la moitié de ces échanges sont acheminés via Dandong, ville chinoise frontalière, sur la rivière Yalu. Le reste transite par cinq autres points ou, pour une petite partie, par bateau. “Les Etats-Unis suivent de près ce qui se passe à la frontière avec la Chine, parce que presque tout le commerce de la Corée du Nord avec le monde extérieur transite par là ”, expliquait mardi Alexandre Mansourov, de l’Asia-Pacific Center for Security Studies à Hawaï. La Maison Blanche a donné une preuve de cet intérêt lundi, deux jours après le vote par le conseil de sécurité des Nations unies de sanctions à l’encontre de la Corée du Nord. Son porte-parole a annoncé que la Chine, malgré ses réticences, aurait commencé des inspections sur ses 1.415 kilomètres de frontière avec l’Etat stalinien. Mais mardi la Chine a aussi affirmé qu’elle tiendrait compte de ses “règles commerciales et de ses lois nationales” tout en appliquant “sérieusement” la résolution de l’ONU. Cette dernière prévoit notamment un embargo sur “les armes et matériels connexes”, “les matériels liés à la technologie nucléaire ou à celle des missiles”, ainsi que sur “les produits de luxe”. Elle appelle les Etats membres à assurer le respect de ces embargos, mais après son adoption, la Chine a exprimé des réserves.
“La Chine pense ne pas avoir le droit d’inspecter les cargaisons nord-coréennes. Tout est question de mise en application et je reste sceptique”, pas persuadé, “qu’elle le fasse vraiment”, a indiqué Alexandre Mansourov. Le commerce total du petit Etat de la péninsule voisine a atteint à peine quatre milliards de dollars l’an passé – l’équivalent d’une journée d’importations américaines – à plus de 37% avec la Chine. “Il y a eu une grosse augmentation du commerce” bilatéral, a commenté dans les colonnes d’un journal un économiste d’un institut dépendant du ministère chinois du Commerce, Xu Changwen. Ces relations avaient été réduites à peau de chagrin à la fin des années 90 (370 millions de dollars en 1999) mais ont repris de l’ampleur pour atteindre 1,58 milliard en 2005. Les exportations chinoises, totalisant un milliard de dollars, ont grimpé de 35% sur un an. Entre 2001 et 2005 les exportations chinoises de biens manufacturés notamment ont bondi de 160%, de 50 millions de dollars à 130 millions. Roger Barrett, consultant commercial sur la Corée du Nord basé à Pékin, relève que les marchés de Pyongyang sont inondés de produits chinois bon marché. Mais pas seulement, puisque 90% des importations de pétrole de Pyongyang viennent de Chine, ainsi que de grandes quantités de nourriture, d’alcool, de cigarettes, d’engrais, de machines et d’appareils électroménagers, y compris d’occasion, très recherchés par les consommateurs nord-coréens. Dans l’autre sens, la Corée du Nord envoie charbon, bois, minerai de fer mais continue d’enregistrer un déficit commercial d’un milliard de dollars. “Le commerce transfrontalier contient tout ce dont la Corée du Nord a besoin”, ajoute Roger Barrett, avant de mettre lui aussi en doute le durcissement des inspections, alors que “les Chinois ne sont pas d’accord”. De toute façon, souligne Mansourov, les inspections n’ont aucun rapport avec la lutte contre la prolifération nucléaire: “le noyau de plutonium nécessaire à une bombe nucléaire tiendrait dans une mallette”, dit-il. |
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