[17/10/2006 09:20:17] LA PAZ (AFP) Six mois après la nationalisation des hydrocarbures en Bolivie le président socialiste, Evo Morales, s’attaque à celle des ressources minières du pays andin, une réforme controversée rencontrant déja l’opposition de nombreux mineurs indépendants. Le chef de l’Etat a annoncé dimanche, sans donner de détails, la nationalisation des ressources minières, une mesure qui pourrait être prise le 31 octobre à l’occasion de l’anniversaire de la première nationalisation des mines boliviennes en 1952 avant leur privatisation en 1985. Cette nationalisation devrait se dérouler sans “expropriation” ni “confiscation” des investissements étrangers comme pour celle des hydrocarbures, a assuré lundi le vice-président, Alvaro Garcia Linera. Les entreprises étrangères devraient pouvoir rester mais seraient forcées de renégocier des contrats beaucoup moins intéressants comme pour le secteur gazier. Les entreprises pétrolières étrangères, dont Petrobras (Brésil), Repsol-YPF (Espagne-Argentine), Total (France) et British Gas (GB), opérant en Bolivie négocient laborieusement depuis quatre mois avec le gouvernement. La date butoir de fin octobre pour parvenir a un accord a déja été repoussée par les autorités. La Bolivie dispose d’immenses réserves de minerais (principalement l’or, le zinc, l’argent, le cuivre, l’étain, le plomb et l’antimoine) dont 10% seulement ont été exploitées, estiment les experts. La forte reprise des cours des métaux à partir de 2003 a permis au secteur minier d’occuper la même année le quatrième rang des exportations boliviennes.
Plusieurs grands groupes miniers étrangers exploitent actuellement 70% du secteur, dont Apex Silver (Etats-Unis), Pamerican Silver (Etats-Unis) l’argent des grandes mines de San Bartolome et San Vicente dans la région de Potosi à l’ouest du pays. Inti Raymi, une filiale de Newmont (Etats-Unis) détient deux mines d’or dans la région d’Oruro (sud). La compagnie suisse Glencord exploite la mine d’or de Sinchi Wayra (sud) et Coeur d’Alene (Etats-Unis) la célèbre mine d’argent de Cerro Rico à Potosi, connue depuis le XVIe siècle. Bien qu’attendue, la décision de M Morales a été accueillie “avec préoccupations” selon M Ivo Blasicevic, un porte-parole de Newmont. L’organisme public, Comibol, qui avait perdu ses pouvoirs lors de privatisation de 1985, devrait être chargé de gérer la négociation des nouveaux contrats avec les entreprises étrangères. Cette nationalisation est déja très critiquée par la Fédération Nationale des coopératives minières (Fencomin) regroupant 4.000 mineurs du privé refusant d’entrer dans le secteur public. Toutefois le point faible de cette nouvelle nationalisation sera, comme pour le secteur des hydrocarbures, de négocier les nouveaux contrats tout en tentant d’endiguer la chute des investissements, très sensible depuis deux ans. Les investissements réalisés sont uniquement pour “maintenir l’outil de travail”, confiait-on lundi dans les milieux économiques. Le gouvernement devra aussi régler l’épineux problème du partage du travail entre les mineurs du secteur public et ceux du privé. Cette rivalité a provoqué début octobre un violent affrontement entre mineurs faisant 16 morts et 61 blessés dans la grande mine d’étain de Huanuni (administrée par l’Etat) au sud-est de La Paz. Le secteur minier emploie plus de 60.000 mineurs et 300.000 personnes vivent de cette activité. Les exportations de métaux (principalement le zinc) sont en hausse de 10% sur 2002 et ont atteint 408,77 MUSD en 2003. Le président Morales a décidé d’ouvrir un nouveau front dans la reprise du contrôle économique du pays par l’Etat même si le gouvernement semble peiner à trouver un accord avec les compagnies pétrolières étrangères dont les gisements et les actifs ont été nationalisés le 1er mai dernier. Les secteur minier bolivien est dominé par une dizaine de grandes compagnies mais fait vivre aussi 400 petites exploitations et des centaines de structures familiales travaillent de petites parcelles. Peuplée de neuf millions d’habitants, la Bolivie qui est le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud, possède pour principale richesse, le gaz, dont elle détient la deuxième réserve de la région après le Venezuela. |
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