Tata fait une offre à Corus, illustrant la montée en puissance des émergents

 
 
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Le PDG du groupe Corus, Philippe Varin, le 17 mars 2005 à Londres (Photo : Odd Andersen)

[17/10/2006 17:55:34] LONDRES (AFP) L’intérêt du sidérurgiste indien Tata Steel pour l’anglo-néerlandais Corus s’est concrétisé mardi avec une proposition d’achat de 6,1 milliards d’euros, qui serait la plus grosse acquisition d’une entreprise indienne à l’étranger.

Corus a annoncé mardi avoir reçu une proposition de rachat de la part de son homologue indien Tata Steel à 455 pence par action.

Le prix a surpris le marché, alors que les rumeurs d’intérêt, confirmées par Tata Steel le 5 octobre, ont déjà fait s’envoler l’action. Le titre a terminé mardi en hausse de 0,10% à 479 pence à la Bourse de Londres.

Tata Steel a fait valoir que son offre, encore officieuse, conférait à Corus une valeur d’entreprise de 10 milliards de dollars (près de 8 milliards d’euros), ce qui prend en compte la dette de Corus, un élément non négligeable dans les accords de rachat.

Roberto Pozzi, de chez SG Securities, a jugé le prix proposé “réaliste”, estimant “qu’une partie de la prime de rachat était déjà comprise dans le prix de l’action” qui se négociait sous les 400 pence ou à peine à ce niveau en début de mois.

L’analyste a estimé qu’un accord entre les deux groupes “avait du sens et paraissait de plus en plus crédible”.

“Tata bénéficierait du marché de Corus au Royaume-Uni, de sa présence dans le monde entier et de sa relation avec la clientèle, tandis que Corus bénéficierait des matières premières à bas prix fournies par Tata”, a-t-il expliqué.

Un autre analyste, sous couvert d’anonymat, jugeait cependant que l’offre de Tata “était dans le bas de la fourchette, et qu’il y avait une bonne chance qu’un troisième larron, peut-être russe ou brésilien, arrive avec une meilleure offre”.

La semaine dernière, le russe Evraz a indiqué qu’il n’était plus intéressé. Mais ses compatriotes Severstal et Novolipetsk, tout comme les brésiliens CSN ou Gerdau, sont vus comme des repreneurs potentiels, ainsi parfois que le géant Arcelor-Mittal.

Corus est le 9e sidérurgiste mondial avec 18 millions de tonnes d’acier produites chaque année. Tata Steel, 56ème mondial, en fabrique 7 millions de tonnes. Si Tata Steel achète Corus, il se hissera parmi les dix premiers sidérurgistes du monde en termes de capacité de production, et le groupe, fondé en 1907 et filiale du conglomérat diversifié Tata, réalisera la plus grosse acquisition à l’étranger par une société indienne.

Entre janvier et juin 2006, les groupes indiens ont acheté 76 concurrents asiatiques, européens ou américains pour 5,2 milliards de dollars au total, selon une étude de la fédération indienne des chambres de commerce et d’industrie.

Contrairement à Arcelor qui ne voulait pas s’allier à Mittal Steel, société néerlandaise détenue par l’indien Lakshmi Mittal, Corus est connu de son côté pour songer depuis longtemps à un mariage avec un groupe d’un pays émergent, afin d’allier son expertise à des coûts de production moindres.

Cette tendance mondiale a été soulignée lundi dans le rapport annuel sur l’investissement de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) : en 2005, les investissements à l’étranger des pays émergents ont représenté 117 milliards de dollars, 17% du total mondial contre 10% en 1982.

 17/10/2006 17:55:34 – © 2006 AFP