[18/10/2006 05:45:02] NEW YORK (AFP) Les sites web cherchent un nouveau filon lucratif dans le “wiki”, ce mode de création de sites internet où le contenu est écrit — gratuitement — par les lecteurs, dans le sillage de l’éclatant succès de l’encyclopédie en ligne Wikipedia. Tiré du mot wiki (“rapide” en hawaïen), lancé en 1994 par l’informaticien Ward Cunningham, le wiki connaît un démarrage en flèche, avec la création ces derniers mois de dizaines de milliers de sites interactifs et qui accueillent de la publicité. Ainsi le groupe Wetpaint, crée en juin dernier pour héberger des sites wikis, a vu affluer en quelques mois “60.000 sites, allant de familles qui partagent leurs souvenirs à des clubs sportifs qui affichent leurs calendrier, ou encore des fans de couture ou autres hobbies qui veulent créer une encyclopédie spécialisée”, a expliqué un porte-parole de Wetpaint. “Nous les hébergeons gratuitement mais nous mettons des publicités sur ces sites, en partenariat avec Google et son service de publicités automatiques Adsense”, a-t-il expliqué. Autre exemples, la série télévisée “Lost” qui a mis en place un site wiki pour que les spectateurs s’expriment, ou encore des fabricants qui donnent la parole à leurs consommateurs. La vogue du wiki suit le succès de Wikipedia, encyclopédie écrite par les internautes, gratuite, financée par les dons et sans publicité. Elle compte plus de 5 millions d’articles dans 250 langues, avec une poignée de bénévoles. Au delà de cette initiative non lucrative, son cofondateur Jimmy Wales, ancien courtier en matières premières, a lancé fin 2004 Wikia, hébergeur de sites wikis qui mise sur des recettes publicitaires. Wikia, pionnier du secteur, héberge 1.500 wikis en 48 langues, écrits par les lecteurs, portant sur des thèmes allant des scénarios historiques imaginaires au Muppet Show. Il a levé 4 millions de dollars auprès d’investisseurs au printemps dernier et recruté l’ancien directeur d’eBay, Gil Penchina. Wikia s’enrichit de nouveaux thèmes porteurs, comme les guides de voyages écrits par les voyageurs, ou encore les wikis d’université, comme celui de Stanford en Californie, rédigés par les étudiants. Autre succès, celui du site wikiHow, créé en 2005, où les internautes échangent leurs tuyaux, et qui compte maintenant 10.000 articles en trois langues. D’autres sites réunissent commentaires des produits ou guides d’achats, comme ShopWiki, supplantant les sites rédigés par des rédacteurs payés. Flairant l’affaire, l’entrepreneur John Gotts, connu pour racheter les droits de noms de domaines, a acquis en août le nom de Wiki.com for 2,86 millions de dollars. Aucun de ces sites ne parvient cependant à faire de l’ombre à Wikipedia, qui, selon le cabinet Comscore, est le 6e plus visité d’internet, avec plus de 100 millions de visiteurs par mois. Selon les instituts Nielsen/NetRatings, wikiHow avait 1,1 million de visiteurs en juillet et les sites de Wikia quelque 270.000, les autres étant trop petits pour être mesurés, donc sans grandes recettes à espérer. Le wiki, issue de la philosophie participative de l’internet du début, a l’avantage d’offrir des textes en constant renouvellement — un article de Wikipedia sur une personnalité sera modifié dans la minute en cas de décès — mais cette gestion uniquement par des amateurs pose des problèmes de fiabilité. Des polémiques sont nées sur des erreurs de Wikipedia ou encore sur des articles politiques qui variaient en fonction des opinions des rédacteurs. D’où l’annonce mardi par l’un des fondateurs de Wikipedia, Larry Sanger, de son intention de lancer une encyclopédie rivale mais où les contributions des internautes seront contrôlés par des experts, baptisée Citizendium. |
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