[18/10/2006 14:15:33] BRUXELLES (AFP) Chtokman, Sakhaline… la reprise en main affichée de leurs ressources énergétiques par les Russes met à mal la confiance des Européens, qui restent cependant déterminés à mettre sur pied un partenariat solide et “équilibré” avec Moscou. Les relations énergétiques euro-russes, qui s’intègrent dans un vaste partenariat que l’UE doit renégocier avec Moscou, seront au menu du déjeuner des dirigeants des 25, réunis vendredi en sommet informel en Finlande, avant un dîner prévu le soir avec le président russe, Vladimir Poutine. En ne retenant aucune entreprise étrangère pour exploiter le champ gazier Chtokman avec Gazprom ou en menaçant de bloquer le gigantesque projet piloté par l’anglo-néerlandais Shell à Sakhaline pour non respect de l’environnement, Moscou a récemment montré à ses partenaires internationaux qu’il entendait mener le jeu. Mais les Européens insistent sur l’importance de relations fondées sur “la transparence et la réciprocité”, a encore souligné mardi une source communautaire. La semaine dernière déjà, la France et l’Allemagne avaient rappelé ensemble que le partenariat UE/Russie devait reposer sur ces principes de “non-discrimination, prévisibilité et sécurité des approvisionnements à long terme”.
L’UE, en situation de dépendance énergétique croissante vis-à-vis de l’extérieur, achète à la Russie le quart de sa consommation en gaz et pétrole. Mais les Européens rappellent régulièrement à Moscou que cette dépendance est à double sens. La Russie “a besoin de nos marchés autant que nous avons besoin d’elle”, a encore souligné mercredi le Premier ministre finlandais, Matti Vanhanen, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE. En Russie, “il y a une tendance à vouloir permettre des investissements (étrangers) en gardant une part de contrôle”, commente Lucia Montanaro-Jankovski, analyste politique au Centre de politique européenne à Bruxelles. Mais “les Russes ont clairement besoin de ces investissements”, dit-elle. Ne serait-ce que pour pourvoir profiter de ressources de plus en plus difficiles à exploiter. La volonté de Gazprom de faire cavalier seul à Chtokman n’est “contraire à aucun principe de droit international”, renchérit un spécialiste communautaire. Mais le champ, à “350 kilomètres de profondeur”, requiert un certain nombre de “capacités techniques, et il n’est pas sûr que Gazprom les aient”. Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Jonas Gahr Stoere, dont le pays avait deux entreprises en lice pour développer ce projet avec Gazprom, a lui aussi souligné que Moscou pourrait avoir “besoin de l’expérience” d’Oslo. D’une façon générale, “le problème de la Russie est qu’elle n’offre pas de cadre juridique et politique stable pour les investissements”, poursuit le spécialiste communautaire. “Il faut qu’ils comprennent qu’en faisant cela, ils freinent les investissements et créent un climat d’incertitude qui bloque les projets majeurs”, ajoute-t-elle. Les récents rebondissements annoncent des discussions délicates mais pourraient aussi pousser les 25 à mettre en place rapidement ce partenariat énergétique avec les Russes. Ils “démontrent l’importance d’un accord de partenariat avec un cadre de discussion pour aborder ces questions et les résoudre rapidement”, estime le spécialiste communautaire. Et selon lui, les Etats membres de l’UE en sont eux aussi de plus en plus “convaincus”. “Quand on est au pied du mur, on s’en sort mieux”, confirme un diplomate européen. “Il y aura donc une pression vertueuse pour aller de l’avant”. |
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