Les artistes européens défendent la redevance sur la copie privée

 
 
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Le réalisateur français Bertrand Tavernier, le 31 mars 2006 à l’Université de Richmond aux Etats-Unis (Photo : Paul J. Richards)

[18/10/2006 15:33:43] BRUXELLES (AFP) Des artistes européens ont annoncé mercredi à Bruxelles la création de l'”Alliance Culture d’abord” pour défendre le système de la redevance sur la copie privée, qu’ils soupçonnent la Commission européenne de vouloir remettre en cause sous la pression des industriels de l’électronique et du logiciel.

Au nom des sociétés de droits d’auteurs européennes, des artistes et des producteurs réputés ont défendu lors d’une conférence de presse le système actuel comme indispensable pour rémunérer les artistes, financer la création et la production, et préserver la diversité culturelle en Europe.

“La redevance sur la copie privée est un moyen des plus justes et des plus intelligents qu’on ait pu trouver pour rémunérer les auteurs”, a affirmé le réalisateur français Bertrand Tavernier, indigné que “la Commission veuille le remettre en cause sans concertation ni dialogue avec les auteurs”.

“Sans nos oeuvres, il n’y aurait pas de fabricants car il n’y aurait rien à diffuser”, a-t-il rappelé, fustigeant “l’incompétence et l’arrogance” des services du commissaire au marché intérieur Charlie Mc Creevy.

Le commissaire Mc Creevy a déclaré mercredi qu’il présenterait “dans un proche avenir des recommandations sur cette question”.

La grande majorité des Etats membres de l’UE –à l’exception du Royaume-Uni où la copie privée est interdite– autorise la copie à usage familial, en contrepartie d’une rémunération de l’auteur.

La redevance pour copie privée d’oeuvres numériques, appliquée sur les supports vierges d’enregistrement (CD, DVD, lecteurs MP3, etc), a rapporté dans l’UE en 2005 560 millions d’euros à la chaîne des “ayants-droit”, selon Culture d’abord.

“Les droits d’auteur sont le seul salaire de l’auteur”, a insisté le compositeur italien Roman Vlad.

Le producteur français Patrick Zelnik a fustigé le “projet aberrant” de la Commission européenne qui provoquerait un “suicide collectif pour la musique” et la “diversité culturelle” en Europe.

Les industriels de l’électronique et du logiciel estiment de leur côté la redevance désuète avec l’essor des DRM, ces technologies qui vérifient si le consommateur a bien le droit d’écouter une chanson ou de regarder un film acheté sur internet, fixent le nombre de copies qu’il a le droit de faire, et surveillent les transferts vers les différents appareils numériques.

Mais le chanteur français Yves Duteil a estimé ces systèmes DRM “insuffisants car il existe des milliards d’oeuvres qui circulent sans protection”, ajoutant que la position de la Commission “manque de réalisme”.

M. Duteil a souligné que les “fabricants engrangent des bénéfices énormes et n’en versent qu’une partie minuscule pour la copie privée”.

 18/10/2006 15:33:43 – © 2006 AFP