Ralentissement “encourageant” de la croissance chinoise, qui reste forte

 
 
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Des Chinois passent devant un panneau annonçant le développement d’un complexe immobilier d’affaire à Pékin, le 18 juillet 2006 (Photo : Frederic J. Brown)

[19/10/2006 10:31:48] PEKIN (AFP) La croissance de l’économie chinoise a ralenti au troisième trimestre après plusieurs mois de mesures de contrôle macro-économiques, mais elle reste forte, nourrie par les investissements et susceptible de rebondir, ont estimé jeudi des analystes.

Le Bureau national des statistiques a annoncé jeudi qu’entre juillet et septembre, le produit intérieur brut (PIB) avait augmenté de 10,4%, contre 11,3% au deuxième trimestre, qui était son plus fort niveau en onze ans.

Il n’en reste pas moins que la croissance a ainsi atteint “son deuxième plus fort niveau de la décennie”, selon les analystes de Lehman Brothers.

Loin de l’objectif annuel de 8% visé, après une progression de 10,2% en 2005, la richesse nationale a enregistré une hausse de 10,7% sur les neuf premiers mois de 2006, atteignant désormais quelque 1.790 milliards de dollars.

Le gouvernement a préféré mettre l’accent sur le fait qu'”au troisième trimestre, la vitesse de croissance a commencé à être sous contrôle”, ce à quoi s’attendaient les analystes, et que “les mesures macro-économiques avaient connu un premier succès”.

Parmi ces mesures ont figuré notamment deux hausses des taux d’intérêt, deux du ratio de réserves obligatoires et des restrictions sur les investissements immobiliers, le tout pour freiner le surinvestissement, les phénomènes de bulles et de surproduction.

De fait, le rythme de progression des investissements en capital fixe ou de la production industrielle, qui s’était emballé au deuxième trimestre, a décéléré.

Les investissements ont crû de 24,2% sur un an au 3e trimestre, et de 27,3% de janvier à septembre, contre 29,8% au premier semestre.

Si ce ralentissement est “encourageant” pour Rob Subbaraman, économiste de Lehman Brothers, il est cependant “trop tôt pour annoncer un succès total dans le refroidissement des investissements” sur lesquels “les mesures de resserrement doivent continuer d’être axées”.

D’autant que leur progression, de 23,6% en septembre, représente quand même une augmentation par rapport aux + 21,4% d’août, souligne Shen Minggao, économiste de Citigroup.

“Ce relâchement de la croissance des investissements pourrait n’être que temporaire, à moins que le gouvernement ne soit capable de modifier la préférence des gouvernement locaux pour une croissance quantitative”, avertit M. Shen.

TJ Bond, analyste de Merril Lynch, se demande aussi si ces chiffres “vont convaincre, car certains responsables locaux pourraient minimiser leurs données pour éviter de nouvelles mesures”.

Mercredi, le gouvernement a d’ailleurs pressé les autorités locales de mettre en pratique les mesures de contrôle macro-économiques décidées au niveau central, jugeant possible que le crédit et l’investissement repartent de plus belle, selon l’agence Chine Nouvelle.

Or, l’investissement continue de porter la croissance, avec les exportations, alors que les autorités centrales voudraient la voir davantage reposer sur la consommation.

L’excédent commercial de la quatrième économie mondiale a totalisé 109,85 milliards de dollars de janvier à septembre, +60,76% sur un an, selon des chiffres des douanes confirmés par le BNS. Il a dépassé le total de 2005 (101,9 milliards).

Autre jauge du gouvernement pour mesurer ses efforts visant à freiner l’économie, la production industrielle, en hausse de 17,2% entre janvier et septembre, a ralenti à +16,2 au troisième trimestre.

Mais là encore, elle a accusé un léger redémarrage en septembre (+16,1%) après être tombée à 15,7% en août.

“Le léger redémarrage de la production industrielle, des investissements fixes et la croissance (…) peuvent faire craindre que l’économie soit toujours trop forte”, dit TJ Bond.

 19/10/2006 10:31:48 – © 2006 AFP