Les prix du pétrole reculent, signe de la défiance du marché envers l’Opep

 
 
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Le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi (C), arrive à la réunion de l’Opep, le 19 octobre 2006 à Doha (Photo : Karim Jaafar)

[20/10/2006 19:53:51] NEW YORK (AFP) Les cours du pétrole sont repartis à la baisse vendredi, signe que les opérateurs doutaient de l’efficacité supposée de la baisse de production de 1,2 million de barils par jour annoncée jeudi par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en novembre a reculé de 1,68 dollar, à 56,82 dollars, après avoir reculé jusqu’à 56,60 dollars, un plus bas niveau depuis le 30 novembre 2005.

Le contrat novembre expire vendredi. L’échéance de décembre, qui sera la référence à partir de lundi, a perdu 1,17 dollar à 59,33 dollars.

Sur l’IntercontinentalExchange de Londres, le Brent de la mer du Nord a perdu 1,19 dollar, à 59,68 dollars sur l’échéance de décembre.

L’Opep a annoncé jeudi qu’elle allait réduire sa production réelle, à partir du 1er novembre, de 1,2 million de barils par jour en la portant à 26,3 millions, mesure destinée à mettre un terme au recul des prix qui ont perdu 20 dollars depuis l’été.

Non seulement le cartel a décidé de réduire sa production réelle et non ses quotas officiels –ce qui aurait été un artifice comptable– mais il a en outre décidé de la réduire de 200.000 barils de plus que ce que le marché attendait.

Mais le marché s’est vite interrogé sur la signification concrète de cette mesure, et en substance sur la quantité de pétrole qui va être retirée d’un marché largement surapprovisionné.

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Part de l’Opep dans les réserves mondiales de pétrole

“L’Opep a beau l’avoir annoncée, le marché reste sceptique quant à sa capacité à concrétiser cette baisse de production. La question clé, c’est de savoir si des pays comme l’Indonésie, le Venezuela ou la Libye, qui produisent déjà en deçà de leurs quotas, sont capables de réduire encore leur production”, a estimé Bruce Evers, analyste de la banque Investec.

Selon lui, il se pourrait que l’Opep échoue matériellement à réduire de 1,2 million de barils par jour sa production d’ici à sa réunion du 14 décembre, au cours de laquelle sera examinée l’idée d’une nouvelle baisse.

“On va voir si l’Opep s’en tient (à la décision annoncée) ou si l’histoire va se répéter et si l’Opep va continuer à surproduire. On dirait que les marchés penchent pour cette dernière hypothèse”, a commenté Simon Wardell, analyste chez Global Insight.

“La plus grosse partie de la baisse était déjà +intégrée+ par le marché”, a aussi souligné Bill O’Grady, d’AG Edwards, pour expliquer la baisse des cours vendredi.

“En outre, les investisseurs doutent encore que tous les pays vont vraiment appliquer la décision”, a-t-il poursuivi.

“Enfin, bien qu’elle ne veuille pas l’admettre, l’Opep a surtout baissé sa production afin d’établir un prix plancher pour les cours, plutôt que pour les faire monter”, a-t-il estimé.

La décision de l’Opep a par ailleurs été critiquée par Agence internationale de l’énergie. Son directeur, Claude Mandil, l’a jugée “pas opportune”, s’inquiétant des conséquences de la perte de production au cas où l’hémisphère nord serait confronté à un hiver froid et donc à une forte demande de produits pétroliers.

“L’hiver, c’est l’inconnue”, reconnaissait Simon Wardell, qui préférait songer aux conséquences de l’hypothèse contraire. “Si l’hiver dans l’hémisphère nord est doux, l’Opep se retrouvera sous pression pour baisser sa production une nouvelle fois”, a-t-il expliqué.

 20/10/2006 19:53:51 – © 2006 AFP