Jeunes et entreprises : Le défi d’anticiper les changements
Des
rencontres régionales pour débattre des relations entre les jeunes en quête
d’emploi (surtout ceux diplômés de l’enseignement supérieur) et les
entreprises seront organisées à la fin du mois d’octobre et seront
couronnées, à la mi-novembre, par une Conférence nationale sous le Haut
patronage du chef de l’Etat. Une évaluation qui vient en temps opportun pour
donner un nouvel élan à ces relations très particulières.
Elles sont particulières, spécialement quand il s’agit de futurs cadres,
parce qu’il faut bien que le courant passe si l’on souhaite que chacun donne
à l’autre ce qu’il attend de lui. Dans ce contexte, notre expérience en
matière de cadres moyens est extrêmement révélatrice.
Il y a une quinzaine d’années, tout le monde était très impressionné par le
phénomène des Chaebols en Corée du Sud. Ces conglomérats qui produisaient,
comme l’on dit, de la puce électronique aux supertankers pétroliers, avaient
connu un tel succès parce qu’ils ont su résoudre un problème majeur de
management : comment parvenir à ce que les ingénieurs et les ouvriers dans
une même unité de production parlent le même langage ? La solution, c’était
la multiplication débridée des cadres moyens qui devenaient ainsi des
courroies de transmission entre ceux qui planifient et ceux qui exécutent,
une sorte de lubrifiant qui ne cessait d’huiler la machine.
En Tunisie, on avait compris très tôt que le manque de cadres moyens était
une faiblesse structurelle de notre économie et l’on s’est patiemment attelé
à la tâche. Aujourd’hui, les institutions techniques qui forment les cadres
moyens ont atteint leur rythme de croisière et les dizaines de milliers de
jeunes qui en sont diplômés sont demandés et appréciés par les entreprises.
Aujourd’hui, les choses ont encore changé et de nouvelles règles ont vu le
jour. La complexité des processus, la globalisation des standards, la
conception des niches, la concentration des compétences… nous poussent ainsi
à des niveaux de communication entre individus et institutions comme jamais
on n’en a vu jusqu’à auparavant. Et, dans ce contexte, les chefs
d’entreprise devraient être les premiers à participer à ce genre de
rencontres au moins pour une confrontation entre ce qu’ils sont en train de
pratiquer aujourd’hui et les nouveaux cursus par lesquels sont passés ces
jeunes demandeurs d’emploi. C’est incontournable s’ils souhaitent continuer
à anticiper les changements.