EADS : la rentabilité de l’A380 a du plomb dans l’aile

 
 
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Un A380 au décollage le 4 octobre 2006 à Toulouse (Photo : Eric Cabanis)

[21/10/2006 07:55:28] PARIS (AFP) Affecté par d’importants retards de production de l’A380, le groupe aéronautique européen EADS voit s’éloigner à grands pas le seuil de rentabilité de son programme de super-jumbo et ne devrait pas, en l’état actuel des prévisions, gagner le premier euro avant 2017.

Le “point mort” du programme A380, qui a pris deux ans de retard, est désormais estimé par le groupe à 420 appareils (contre 270 dans les prévisions de 2005), soit presque trois fois plus que le nombre de 151 appareils prévu au lancement du programme.

Or, selon le nouveau calendrier, seuls 84 appareils devraient être livrés d’ici 2010. Et si Airbus parvenait à partir de 2011 au rythme de production prévu de 48 appareils par an, l’avionneur ne dégagerait son premier profit au mieux qu’en 2017.

“Le point mort est un peu plus élevé que prévu. On s’attendait à ce qu’EADS relève de 50 à 100 avions le seuil de rentabilité, mais pas de 150”, a reconnu un analyste parisien. Or Airbus, qui a reçu à ce jour 159 commandes fermes pour son géant des airs, n’a engrangé aucune commande depuis le début de l’année, alors qu’il table pour l’ensemble du programme sur 751 appareils.

Le directeur financier d’Airbus, Andreas Sperl, a confirmé jeudi que les retards de livraison pèseront négativement à hauteur de 6,3 milliards d’euros sur la trésorerie du groupe entre 2006 et 2010. Du coup, le taux de retour sur investissement, autre façon de considérer la rentabilité du programme, a été sérieusement révisé à la baisse, a-t-il précisé. Encore estimé à 19% en 2005, il n’est plus désormais que de 13%.

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Le vice-président d’EADS, Thomas Enders, en conférence de presse à Hambourg, le 5 octovre 2006 (Photo : Oliver Lang)

Cette mauvaise nouvelle supplémentaire “inquiète les marchés, même si ça ne change pas la donne”, concède l’analyste parisien. Elle intervient néanmoins alors que le groupe, qui vient de racheter pour 2,75 milliards d’euros la part de 20% du britannique BAE Systems dans Airbus, va devoir bientôt investir lourdement dans le lancement de la production du long-courrier A350 nouvelle version (A350XWB), censé concurrencer le 787 “Dreamliner” de Boeing.

Avec des rumeurs de retard sur le programme de l’avion de transport militaire A400M, “cela fait une accumulation de choses qui pèsent sur le cours”, a souligné l’analyste parisien, “mais le principal, ça reste l’A380”.

EADS cherche à rassurer néanmoins les investisseurs. Vendredi, lors d’une présentation à Hambourg, le directeur financier d’EADS, Hans-Peter Ring a assuré que le groupe comptait bien conserver une “position solide en termes de liquidités”, en maintenant un niveau de trésorerie “élevé” d’un montant d'”au moins 3 milliards d’euros”.

S’il a assuré qu’EADS n’avait “ni le besoin ni l’intention à court terme” de procéder à une augmentation de capital, le groupe “pourrait solliciter les marchés de capitaux en 2007”, en émettant par exemple des obligations hybrides, a-t-il prévenu.

Dans une note publiée vendredi, les analystes d’UBS estimaient que le plan de redressement d’Airbus, baptisé “Power 8” et qui vise à économiser 2 milliards d’euros par an à partir de 2010, constituait désormais “l’élément clé de l’avenir de la compagnie”.

 21/10/2006 07:55:28 – © 2006 AFP