Moscou et Kiev d’accord sur le prix du gaz russe pour 2007

 
 
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Usine à gaz à Nesvizh en Ukraine le 9 janvier 2006 (Photo : Viktor Drachev)

[24/10/2006 16:46:34] KIEV (AFP) Moscou et Kiev ont formellement conclu mardi un accord sur le prix du gaz russe livré à l’Ukraine en 2007, ce qui éloigne le risque d’une nouvelle “guerre du gaz” qui perturberait les approvisionnements européens.

Les compagnies russo-ukrainiennes RosUkrEnergo et UkrGaz-Energo ont annoncé dans un communiqué conjoint avoir signé un accord en ce sens à Moscou.

Aux termes de ce document, l’Ukraine recevra l’année prochaine “au moins 55 milliards de m3 de gaz en provenance d’Asie centrale à un prix de 130 dollars par 1.000 m3” contre 95 dollars actuellement.

Le communiqué a confirmé l’annonce faite plus tôt dans la journée par l’ambassadeur de Russie en Ukraine Kiev Viktor Tchernomyrdine, à l’issue d’un séminaire intergouvernemental à Kiev présidé par les Premiers ministres ukrainien Viktor Ianoukovitch et russe Mikhaïl Fradkov.

La société RosUkrEnergo, contrôlée à 50% par le géant gazier russe Gazprom et à 50% par deux hommes d’affaires ukrainiens, est l’unique importateur de gaz en Ukraine.

Elle le vend ensuite à la société mixte UkrGaz-Energo, contrôlée à égalité par RosUkrEnergo et la compagnie publique ukrainienne Naftogaz, qui s’occupe de sa distribution.

L’Ukraine paie 95 dollars actuellement dans le cadre d’un accord provisoire qui a mis fin au début de l’année à une vive querelle entre les deux pays sur le niveau des prix.

Une “guerre du gaz” avait alors conduit à une brève fermeture des robinets de gaz russe vers Kiev et perturbé l’approvisionnement du continent européen, 80% du gaz russe vers l’Europe transitant par l’Ukraine.

La conclusion d’un nouvel accord russo-ukrainien doit ainsi calmer les craintes des pays européens après cet épisode survenu en pleine vague de froid.

Kiev garantira le transit du gaz par son territoire “afin que nos partenaires européens ne soient pas gênés”, a assuré M. Ianoukovitch.

Malgré une hausse de 37% du prix payé, l’Ukraine va continuer à bénéficier d’un tarif avantageux par rapport aux tarifs européens de Gazprom: 290 dollars pour l’Allemagne ou 285 dollars pour la Roumanie cette année, selon la presse.

Ce maintien d’un prix relativement bas risque tout de même de modifier la politique pro-occidentale de Kiev, défendue par le président Viktor Iouchtchenko, mais vue d’un mauvais oeil par le Kremlin.

Moscou chercherait notamment à bloquer l’adhésion rapide de l’Ukraine à l’Otan, chère au coeur de M. Iouchtchenko, et à prolonger l’accord sur le stationnement en Ukraine de la flotte russe de la mer Noire qui expire en 2017, selon le quotidien russe Kommersant.

Mardi, le vice-Premier ministre ukrainien Mykola Azarov a démenti toute concession politique à Moscou en échange d’un gaz bon marché. “L’Ukraine ne préparait aucune proposition en ce sens. Ce sont des absurdités”, a-t-il déclaré selon l’agence Interfax.

Plus dissonnant, le Premier ministre russe n’a pas manqué l’occasion de faire pression sur les Ukrainiens en leur demandant de tenir compte de la position de Moscou dans leurs relations avec l’Occident et notamment avec l’Otan, au cours de la conférence de presse.

“Si c’est l’Otan, alors pas au détriment de la Russie”, a-t-il lancé, avant d’appeler à “synchroniser” l’adhésion de ces deux ex-républiques soviétiques à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), alors que les Ukrainiens sont en meilleure position que les Russes pour atteindre cet objectif.

 24/10/2006 16:46:34 – © 2006 AFP