[24/10/2006 17:59:40] PARIS (AFP) L’UMP s’est retrouvée quasiment seule, à deux UDF près, à voter mardi la partie recettes du dernier budget de la législature, le projet “vertueux” du gouvernement n’ayant convaincu ni la gauche ni l’UDF, qui a voté majoritairement contre pour la seconde année de suite. A six mois des échéances électorales, le gouvernement se voulait irréprochable en jouant à la fois sur la rigueur budgétaire avec un déficit en baisse à 41,6 mds contre 42,7 mds et sur la solidarité sociale avec comme mesure majeure dans la partie recettes une augmentation de la prime pour l’emploi dont le montant maximum passera de 714 à 948 euros. Le message a été parfaitement reçu dans les rangs UMP: “exemplaire”, “exceptionnel”, “un miracle”, “le meilleur budget de la législature”, ont commenté les députés UMP, tout en appelant à “poursuivre les efforts”. Chacun a en effet à coeur de ne pas “donner de bâton pour se faire battre” à l’approche des élections. D’autant que tous ont à l’esprit que ce budget sera remanié par un collectif budgétaire, quel que soit le vainqueur, pour permettre à la nouvelle majorité d’imprimer sa marque. Au terme de l’examen de la première partie, les députés n’ont alourdi le déficit que de 31 M d’euros à 41,678 mds d’euros (contre 41,647 mds), un montant dérisoire à l’échelle du budget de l’Etat. Mais les aspérités habituelles comme la traditionnelle bataille UMP sur l’ISF ont été tant et si bien gommées que le débat s’est signalé par son atonie, les vieux routards du débat budgétaire jouant parfaitement leur partition, mais sans passion. La gauche en a profité pour faire le bilan de la droite et porter une dernière fois la charge contre la réforme fiscale votée l’an dernier mais s’appliquant à partir de 2007. Ce budget “se situe dans la continuité de la politique conduite depuis juin 2002 et qui a fortement dégradé” les comptes publics et “accru les inégalités”, a affirmé Didier Migaud (PS). “Ce sont cinq années de perdues”, a-t-il ajouté en réclamant de nouveau un audit avant les élections. Jean-Claude Sandrier (PCF) a dénoncé “l’insolent enrichissement d’une caste de nantis” depuis cinq ans avec un “immense système de vases communicants qui sert à déplacer l’argent public vers la sphère privée” et qui vient “aggraver les inégalités”. Ce budget, “même s’il est moins mauvais que les précédents, n’est toujours pas à la hauteur de la gravité de la situation des finances publiques”, a également critiqué Charles de Courson (UDF). “La baisse prétendue des impôts est un leurre” et “ce budget est porteur d’injustices sociales à l’égard des classes moyennes”, a-t-il ajouté. Malgré un dernier appel du pied de Jean-François Copé (Budget) pour inciter l’UDF à voter un budget recouvrant “les engagements” et “valeurs” de “nos électeurs à l’UDF comme à l’UMP”, 17 députés UDF sur 29 ont voté contre, 7 se sont abstenus et 2 ont voté pour. Outre la hausse de la PPE, la partie recettes comporte des mesures fiscales en faveur des personnes dépendantes hébergées en établissement long séjour, des PME à forte croissance, dites “gazelle”, des entreprises de presse ou des dépenses de défense de brevets. Le gouvernement y a aussi inséré un geste pour les cafés, mécontents de l’interdiction à venir de fumer, avec une baisse de la taxation des jeux traditionnels de bars (babyfoot, flippers…) qui sera de cinq euros par jeu et par an. Les députés s’attaqueront à partir du 31 octobre à la partie dépenses du budget. |
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