[26/10/2006 13:49:30] DUSSELDORF (AFP) Deux prévenus dans l’affaire Mannesmann ont clamé une nouvelle fois leur innocence jeudi, à l’ouverture du procès en deuxième instance à Düsseldorf (ouest), tandis que le plus en vue d’entre eux, Josef Ackermann, patron de Deutsche Bank, s’est fait très discret. M. Ackermann s’exprimera lors de la prochaine audience, prévue le 2 novembre, a annoncé son avocat, Eberhard Kempf, peu après l’ouverture des débats. La presse allemande s’était fait l’écho de tentatives du patron de Deutsche Bank de négocier un accord avec le Parquet pour obtenir un arrêt de la procédure, ce qui n’avait pas été confirmé. Josef Ackermann joue en effet gros, puisqu’en cas de condamnation, il avait dit qu’il démissionnerait de la plus grande banque privée allemande. Devant les juges, le Suisse, costume bleu foncé, s’est contenté de décliner son identité et de préciser son salaire, 11,9 millions d’euros, qui fait de lui le patron le mieux payé d’Allemagne. Il s’est aussi abstenu de tout commentaire avant son entrée dans la salle L111, où s’était déjà tenu le premier procès en 2004. M. Ackermann n’a pas oublié les dégâts provoqués par le “V” de la victoire qu’il avait alors brandi et qui avait été vu comme un signe d’arrogance. A l’issue des débats à la mi-journée, il s’est engouffré dans une berline noire sans un mot à la presse. M. Ackermann a retrouvé sur le banc des prévenus l’ancien dirigeant du syndicat IG Metall et ex-membre du conseil de surveillance du groupe Mannesmann Klaus Zwickel, l’ancien dirigeant du comité d’entreprise du conglomérat Jürgen Ladberg, ainsi que l’ancien président du conseil de surveillance Joachim Funk. Tous sont poursuivis pour abus de confiance aggravé. L’ancien patron du groupe Klaus Esser, et un ancien responsable des ressources humaines Dietmar Droste, sont poursuivis pour complicité.
L’affaire porte sur le rachat de Mannesmann par le britannique Vodafone en 2000 pour un montant record de 178 milliards d’euros, à la suite d’une offre d’achat hostile qui s’était transformée en opération amicale. Le conseil de surveillance de Mannesmann, réuni en comité restreint où siégeait notamment M. Ackermann, avait décidé de verser au total 57 millions d’euros de bonifications à plusieurs responsables du groupe à l’issue de la transaction. M. Esser avait touché à lui seul 16 millions d’euros et M. Funk 3 millions. Le reste de la somme avait servi au versement de compléments de retraites à 18 membres de la direction de Mannesmann, et dans certains cas à leurs veuves. Les prévenus étaient conscients “que le versement de ces primes n’était en aucun cas dans l’intérêt de Mannesmann AG”, a martelé le représentant du ministère public, Peter Lichtenberg, en égrenant le montant des différentes primes versées, lors de la lecture de l’acte d’accusation. M. Funk et M. Zwickel se sont défendus de toute faute. “A aucun moment je n’ai vu un délit d’abus de confiance”, a avancé l’ancien président du conseil de surveillance. Le versement de ces parachutes dorés “faisait partie de la culture d’entreprise”, a-t-il encore fait valoir. L’ancien dirigeant d’IG Metall a jugé pour sa part que le versement de ces émoluments était “naturel” puisqu’au final, tout le monde avait profité de la vente de Mannesmann, et en premier lieu ses actionnaires. “Il n’a jamais été question du versement d’un cadeau à M. Esser”, a-t-il insisté. Les prévenus avaient tous bénéficié d’une relaxe en première instance, mais le Parquet avait déposé un recours devant la Cour fédérale de justice qui a ordonné un nouveau procès. La haute juridiction avait notamment estimé que ces primes étaient des “cadeaux”. Les prévenus risquent jusqu’à dix ans de prison. Une trentaine d’audiences sont prévues jusqu’à fin février. |
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