[26/10/2006 12:49:32] PEKIN (AFP) Airbus a créé la surprise en arrachant jeudi in extremis un gros contrat en Chine, au deuxième jour de la visite d’Etat de Jacques Chirac qui a invité Pékin à continuer à jouer collectif sur les grands dossiers internationaux, notamment nucléaires. Alors qu’aucun contrat spectaculaire n’était attendu au cours de cette visite, le PDG d’Airbus Louis Gallois a négocié jusqu’au dernier moment la livraison de 150 Airbus de la famille A320, combinée avec l’implantation d’une chaîne d’assemblage des A320. La commande, sur lequel aucun chiffre n’a été fourni, porte sur environ dix milliards de dollars. Elle fait suite à un contrat identique conclu en décembre dernier et permet ainsi à Airbus de continuer à grignoter des parts du marché chinois à son concurrent américain Boeing. Cet accord s’ajoute à la livraison par Alstom de 500 locomotives de fret, un contrat de 1,2 milliard d’euros, dont 300 millions pour l’industriel français. Louis Gallois a salué cette “nouvelle étape” dans les relations commerciales franco-chinoises, soulignant que “pour être présent commercialement, il faut être présent industriellement, cela veut dire travailler avec les Chinois”. Jacques Chirac a de son côté demandé à la Chine, appelée à devenir “l’une des plus grandes, si ce n’est la plus grande puissance du monde”, de continuer à tenir ses responsabilités, notamment en matière de prolifération nucléaire. Dans une déclaration commune, Jacques Chirac et son homologue Hu Jintao se sont inquiétés des velléités nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord.
Et devant un millier d’étudiants de l’Université de Pékin, M. Chirac a souligné “l’exigence d’une discipline collective” qui “doit nous conduire à prendre les mesures nécessaires quand un pays bafoue ses engagements et menace la paix”. “Face au comportement de la Corée du Nord ou de l’Iran, le multilatéralisme doit être efficace”, a-t-il souligné en louant “le sens des responsabilités dont la Chine a fait preuve” jusqu’à présent face à Pyongyang, ainsi que sa participation à la force de l’ONU au Liban. Le président français a également souhaité que la Chine joue aussi collectif en matière de lutte pour l’environnement, soulignant que “les décisions et les choix de la Chine auront, du fait de sa taille et de sa croissance, un impact considérable sur le réchauffement de notre planète et la préservation des équilibres environnementaux”. “La Chine, dont chacun admire la croissance est le premier émetteur mondial d’oxyde de souffre et le deuxième émetteur de CO2”, a-t-il prévenu en se demandant “à quoi servirait le progrès économique si le monde devait devenir irrespirable?”. Lors de leurs discussions, MM. Chirac et Hu ont notamment décidé d’étendre la coopération franco-chinoise à l’environnement, renforcé le partenariat stratégique qui les lie et plaidé une fois encore pour la fin de l’embargo de l’UE sur les armes à la Chine, imposé après les massacres de Tiananmen en 1989. Dans la déclaration conjointe signée au Palais du Peuple après un entretien de plus d’une heure entre les deux chefs d’Etat, la Chine a promis de mieux respecter les droits de l’homme, une condition exigée par certains pays européens pour que cet embargo soit levé.
“La Chine et la France soulignent la nécessité de promouvoir et de protéger les droits de l’homme conformément aux buts et aux principes de la charte de l’ONU en respectant l’universalité de ces droits”, indique le texte. “Tout en tenant compte des spécificités de chacun, il est du devoir des Etats de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales”, poursuit la déclaration, l’un des 14 documents signés jeudi entre les deux pays. M. Chirac a évoqué la question des droits de l’homme dans chacune de ses apparitions publiques jeudi. Vendredi, il s’envolera pour Wuhan (centre) où il doit notamment poser la première pierre d’une deuxième usine automobile du groupe PSA. |
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