[26/10/2006 14:02:08] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) multiplie les signaux laissant à penser qu’elle pourrait poursuivre son cycle de hausses de taux l’an prochain, alors que les économistes parient jusqu’à présent sur une pause après décembre. “Si nos prévisions et notre scénario de base se confirment, il sera nécessaire d’ajuster encore le caractère accommodant de la politique monétaire”, a réaffirmé jeudi le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, devant le Parlement européen à Strasbourg. Dans le jargon de la BCE, cela signifie que la banque centrale européenne remontera les taux si la croissance se poursuit à un rythme élevé et que l’inflation repart en zone euro. La BCE est engagée dans un cycle de resserrement monétaire depuis décembre 2005. Jusqu’à présent, elle a relevé cinq fois son principal taux directeur pour le porter aujourd’hui à 3,25%. Le marché monétaire et les analystes tablent sur un nouveau durcissement des conditions du crédit en décembre, un scénario que la BCE a confirmé à plusieurs reprises. Mais ils anticipent ensuite un statu quo. Rien n’est moins sûr, si l’on en croit les récentes déclarations de plusieurs poids lourds de la banque centrale. Les menaces d’un dérapage des prix “resteront élevées” en 2007, a déclaré jeudi M. Trichet, pointant du doigt notamment les risques d’une nouvelle hausse des prix du pétrole et d’une éventuelle “répercussion plus forte que prévue” sur les salaires. Grâce à la récente baisse des cours de l’or noir, l’inflation est certes tombée à 1,7% en septembre en zone euro, un plus bas depuis deux ans et demi. Mais la BCE met en garde contre les risques d’une nouvelle accélération. Le récent ralentissement de l’inflation n’est que “provisoire”, a averti mercredi Axel Weber, président de la Bundesbank et à ce titre membre du conseil des gouverneurs de la BCE, dans une interview au quotidien allemand Tagesspiegel. “Il y a un grand nombre de risques pour que le taux d’inflation soit de nouveau largement au dessus de 2%” en 2007, la limite souhaitée par la Banque centrale européenne, a expliqué l’Allemand. Comme parallèlement les indices d’une poursuite de la reprise se multiplient, il n’y a pas vraiment d’obstacles pour de nouvelles hausses de taux, a noté le président de la Bundesbank. “La conjoncture s’appuie de plus en plus sur ses deux jambes (la demande intérieure et les exportations NDLR). Nous devons nous demander si la stimulation actuelle de la conjoncture à travers la politique monétaire est encore nécessaire en 2007”, a relevé M. Weber. Les gardiens de l’euro sont convaincus que la croissance va continuer sur un rythme soutenu en zone euro cette année et l’an prochain, près de son potentiel, évalué à 2%, malgré les risques liés aux prix du pétrole. Les derniers indicateurs ont confirmé ce scénario. Mercredi, le baromètre Ifo mesurant les attentes des chefs d’entreprise en Allemagne, a progressé contrairement aux attentes, confirmant la vigueur de la reprise dans la première économie de la zone euro. En France, le baromètre de l’Insee sur le moral des industriels français est lui aussi reparti de l’avant. Jeudi à Tokyo, l’Italien Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la BCE, a abondé dans le sens du président de la Bundesbank, en mettant en garde contre les risques d’un arrêt prématuré du cycle de hausses de taux. Pour une banque centrale, évaluer le moment adéquat pour faire une pause dans un cycle de resserrement monétaire est une mission extrêmement difficile, a-t-il averti. “Le coût d’une erreur à ce stade est d’autant plus important que l’espace est plus réduit pour la réparer par la suite”, a commenté M. Bini Smaghi. “Arrêter trop tôt pourrait bien entraîner de nouvelles pressions inflationnistes au moment où la croissance commencera à ralentir”, a ajouté l’Italien, un scénario catastrophe que la BCE tient certainement à éviter. |
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