Les constructeurs auto américains ne parviennent pas à sortir du rouge

 
 
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Le logo de Chrysler (Photo : Tim Boyle)

[26/10/2006 16:08:17] CHICAGO (AFP) Les trois constructeurs automobiles américains continuent à perdre de l’argent alors qu’ils luttent pour tenter de répondre aux changements de goûts des consommateurs et à la concurrence de plus en plus vive de leurs concurrents japonais.

Le germano-américain DaimlerChrysler a indiqué mercredi en Allemagne vouloir lancer une nouvelle restructuration pour sa filiale américaine Chrysler, qui a essuyé une perte d’exploitation de 1,45 milliard de dollars au troisième trimestre.

La direction a indiqué que “nous n’excluons rien. Chrysler doit simplement redevenir rentable à long terme”, ce qui a alimenté des spéculations sur une possible cession de Chrysler, troisième constructeur américain. Mais le groupe s’est empressé de démentir ces spéculations.

Le numéro deux américain Ford, qui procède à une lourde restructuration tout comme le leader du secteur General Motors (GM), a accusé une perte nette de 5,8 milliards au troisième trimestre, affichant une perte cumulée de 7,2 milliards sur les neuf premiers mois de l’année.

GM commence pour sa part à recueillir les fruits de sa restructuration, mieux engagée que chez Ford, affichant une perte nette de 115 millions au troisième trimestre après un trou historique de 10,6 milliards sur l’ensemble de 2005.

Selon plusieurs analystes, la question centrale pour les “Big 3” américains de l’automobile est leur capacité à produire des véhicules que les Américains voudront acheter pour leur valeur propre et non parce qu’ils sont en promotion.

Pour tenter de contrer le succès des véhicules des constructeurs étrangers, principalement Toyota, Honda et Nissan, les Big 3 ont en effet pris l’habitude de recourir à des rabais pour écouler leurs stocks, une tendance qu’ils commencent à abandonner.

Citant les progrès de GM, Robert Barry, de Goldman Sachs, souligne d’autre part que “réduire les coûts n’est pas une mauvaise idée et cela fait assurément gagner du temps à GM, mais c’est assez décevant de voir que GM est proche de son pic de cadence en terme de produits et qu’il ne fait pas encore d’argent en fabriquant ces véhicules”.

Depuis les années 90, les constructeurs américains ont bâti leur succès sur les 4×4 et véhicules de loisirs, très rentables à produire et correspondant à l’attrait des consommateurs pour les grosses voitures. Mais ils n’ont pas anticipé l’évolution de la demande, sur fond de montée durable des prix du carburant alors que les concurrents asiatiques lançaient des modèles plus économiques.

Outre leur capacité à produire aujourd’hui des véhicules mieux adaptés, GM, Ford et Chrysler sont tous trois étouffés par leurs coûts salariaux, historiquement élevés, là où les constructeurs japonais, implantés plus récemment aux Etats-Unis, n’ont pas ce passif.

Chrysler mène actuellement de négociations difficiles avec le syndicat de branche UAW pour obtenir des concessions salariales similaires à celles obtenues ces derniers mois chez GM et Ford.

Outre un abaissement des prestations santé et retraites, GM a conclu un plan de départs anticipés auquel 34.000 employés ont souscrit en juin, tandis que Ford a signé avec l’UAW en septembre un plan de départs volontaires.

Face à la concurrence, les constructeurs américains ont accéléré de cinq à deux ans le calendrier de développement de nouveaux véhicules, rapporte David Cole, directeur du Centre de recherche américain sur l’automobile.

Parallèlement, une modification des chaînes d’assemblage –pour produire différents modèles sur un même site– et les premières fermetures d’usines chez Ford et GM ont permis de réduire de 2.000 à 3.000 dollars par véhicule l’écart de coût de production avec les constructeurs asiatiques, selon la même source.

“Une grande différence avec les restructurations passées est que les constructeurs comprennent mieux aujourd’hui ce qu’il faut faire pour être rentable et que la concurrence est sans relâche”, estime M. Cole.

 26/10/2006 16:08:17 – © 2006 AFP