Chine : accueil contrasté pour ICBC, la plus grande introduction en Bourse de l’histoire

 
 
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le directeur de la banque ICBC Jiang Jianqing montre une photo avec le prix d’introduction de l’ICBC à la Bourse de Hong Kong, le 27 octobre 2006 (Photo : Mike Clarke)

[27/10/2006 10:23:25] HONG KONG (AFP) L’introduction de la première banque chinoise ICBC, la plus importante de tous les temps, a reçu un accueil triomphal vendredi à la Bourse de Hong Kong, mais a déçu les attentes des opérateurs à celle de Shanghaï.

ICBC, que continuera à contrôler l’Etat communiste après cette privatisation partielle, lève jusqu’à 22 milliards de dollars. Elle pulvérise ainsi le précédent record établi en 1998 par NTT DoCoMo, premier opérateur de télécommunication mobile japonais, qui avait levé un peu plus de 18 milliards de dollars.

Imitant le succès de quasiment tous les placements de sociétés chinoises à Hong Kong, le titre ICBC a terminé vendredi la séance sur un bond de 14,7%. Mais à Shanghaï, où la banque a été introduite simultanément, la progression s’est limitée à 5,13%.

Les analystes avaient prévu une hausse de 10 à 20%, en raison du formidable engouement qu’a suscité le placement en Chine et à l’étranger. Les opérateurs de Shanghaï évoquaient leur déception, soulignant que les introductions sont normalement accueillies sur cette place avec des hausses comprises entre 20 et 40%

“Dans l’ensemble, il s’agit d’une faible performance”, a estimé Zhang Qi, de la maison de courtage Haitong, à Shanghaï.

Cette introduction, la première à avoir lieu simultanément à Hong Kong et à Shanghaï, avait été présentée comme la preuve du rapprochement des deux places chinoises, et en particulier de la capacité de la relativement petite Bourse de Shanghaï à jouer dans la cour de sa grande soeur hongkongaise.

Shen Jun, analyste chez le courtier Guosen à Shanghaï, a attribué la relative contre-performance du titre en Chine continentale à la “prudence” des investisseurs nationaux.

Tandis que le monde, et Hong Kong, s’arrachent tout ce qui est “Made in China”, “les investisseurs chinois sont moins optimistes sur les banques d’Etat que ne le sont les étrangers”, a souligné l’analyste.

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Célébration le 27 octobre 2006 à la bourse de Hong Kong de la mise sur le marché de l’Industrial and Commercial Bank of China (Photo : Mike Clarke)

L’introduction d’ICBC marque la troisième privatisation partielle d’une banque d’Etat chinoise, après China Construction Bank et Bank of China. Ce mouvement s’inscrit dans le cadre du programme d’assainissement du marché bancaire chinois en vue de son ouverture à la concurrence étrangère le 11 décembre.

Pour assurer le succès de la “révolution bancaire chinoise”, le pouvoir communiste a injecté des milliards de dollars dans ses banques, jusqu’alors plombées par des montagnes de prêts improductifs, un euphémisme qui masque souvent un hypothétique remboursement.

85 milliards de dollars de prêts douteux détenus par ICBC ont ainsi été transférés à des sociétés de défaisance, faisant chuter son ratio de prêts non productifs à 4,1% fin juin, contre 21% fin 2004.

Mais les experts ne cessent de souligner la fragilité persistante des banques chinoises. Le problème des prêts improductifs reste un défi “énorme et difficile” à relever, avait ainsi récemment prévenu le gouverneur adjoint de la banque centrale chinoise, Wu Xiaoling.

Le président-directeur général de l’ICBC, Yang Kaisheng, a néanmoins vu dans le placement “un grand progrès dans l’ouverture des banques chinoises et du processus de réformes”.

Selon des sources de marché, le placement a attiré au total plus de 500 milliards de dollars d’offres, éveillant l’appétit de l’ensemble des gros portefeuilles de la planète, du Koweït à Singapour.

Les investisseurs veulent leur part du formidable boom économique chinois et nombreux sont ceux qui estiment qu’ICBC, un mastodonte pesant 800 milliards de dollars, est tout simplement trop important pour que Pékin le laisse s’écrouler.

Avec plus de 18.000 succursales, deux millions et demi d’entreprises clientes et 150 millions de particuliers, ICBC représente 15,4% de l’ensemble des prêts contractés en Chine.

 27/10/2006 10:23:25 – © 2006 AFP