La Bolivie signe un accord avec une vingtaines de compagnies pétrolières

 
 
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Le président bolivien Evo Morales à La Paz, le 12 octobre 2006 (Photo : Aizar Raldes)

[27/10/2006 22:20:07] LA PAZ (AFP) Le gouvernement bolivien va conclure vendredi soir à La Paz un accord avec une vingtaine de compagnies pétrolières étrangères à la suite des négociations engagées dans le cadre de la nationalisation du secteur des hydrocarbures, décrétée en mai par le président Evo Morales.

Les compagnies pétrolières multinationales, dont Petrobras (Brésil), Repsol-YPF (Espagne-Argentine), Total (France) et British Gas (GB), avaient en théorie jusqu’à samedi pour s’adapter à la nouvelle législation, sous peine de ne plus pouvoir opérer dans le pays.

Le ministère bolivien des Hydrocarbures a annoncé que la signature de ces accords interviendrait au cours d’une cérémonie, prévue vers 20H00 (0H00 GMT), dans une salle du Palais des Communications.

La Bolivie dispose, selon les chiffres officiels, de réserves prouvées et probables de gaz de 1.550 milliards de mètres cubes, soit les plus grandes d’Amérique latine derrière le Venezuela.

Le décret de nationalisation des hydrocarbures stipule que les compagnies opérant en Bolivie doivent remettre leur production à la compagnie nationale Yacimientos Petroliferos Fiscales Bolivianos (YPFB), seule chargée d’assurer la commercialisation des hydrocarbures et d’en définir les volumes et les prix sur le marché intérieur et mondial.

Le ministre bolivien des Finances, Luis Alberto Arce, représentant le gouvernement aux négociations menées avec les multinationales, avait dès l’après-midi de vendredi fait état d'”avancées très importantes avec certaines compagnies” à la veille de la clôture officielle des négociations.

“Il y a des avancées très importantes avec certaines entreprises. Nous avons vu avec beaucoup d’optimisme la réaction des compagnies pétrolières et espérons que la signature de ces accords pourra se concrétiser”, avait déclaré le ministre.

“A la suite de la signature des accords, il va y avoir d’importants investissements dans le secteur pétrolier. Mais nous devons garantir la production de gaz non seulement pour l’exportation mais aussi la consommation intérieure”, a encore précisé M. Arce, soulignant en outre la nécessité de “penser à l’industrialisation”.

Les pourparlers entre les représentants des compagnies pétrolières et les experts du gouvernement bolivien ont eut lieu au siège de YPFB.

Seul le géant brésilien Petrobras, principal investisseur étranger en Bolivie d’où il achemine 26 millions de mètres cubes par jour de gaz pour satisfaire la moitié des besoins du Brésil, avait laissé plané lors des négociations la menace d’un éventuel retrait.

Les négociations ardues se sont déroulées dans le plus grand secret, même si certains négociateurs ne cachaient pas leur optimisme ces dernières heures, à l’approche du terme des 180 jours accordés par l’Etat pour aboutir à un accord.

“Nous sommes sur le bon chemin”, avait anticipé dès jeudi le vice-président bolivien, Alvaro Garcia Linera, l’éminence grise du président socialiste Evo Morales, premier chef d’Etat bolivien d’origine amérindienne qui mise sur la récupération des ressources naturelles pour développer le pays andin.

Selon le vice-président, un bon accord générerait pour l’Etat un revenu de 2 milliards de dollars, soit 23% du PIB de la Bolivie, nation la plus pauvre d’Amérique du sud.

La reprise du contrôle des ressources en pétrole et en gaz par l’Etat met fin à une décennie de privatisation des hydrocarbures au profit des compagnies étrangères.

L’ancien chef d’Etat Gonzalo Sanchez de Lozada avait été contraint en octobre 2003 de renoncer à un second mandat sous l’effet d’une révolte populaire qui avait fait 60 morts et plus de 400 blessés dans ce pays détenant le record de coups d’Etat dans la région.

 27/10/2006 22:20:07 – © 2006 AFP