La Chine subit son baptême du feu après cinq ans à l’OMC

 
 
SGE.GSG40.301006105902.photo00.quicklook.default-245x166.jpg
Des employés travaillent sur une ligne d’assemblage de pièces automobiles dans une usine à Pékin, le 22 juin 2004 (Photo : Frederic Brown)

[30/10/2006 10:59:20] GENEVE (AFP) Cinq ans après son adhésion longtemps convoitée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Chine a subi lors de la semaine écoulée son baptême du feu avec une première plainte déposée contre ce pays qui accumule les excédents commerciaux.

L’OMC a accepté jeudi de se saisir du différend soulevé par le Canada, les Etats-Unis et l’Union européenne à l’encontre des droits de douane appliqués par Pékin aux pièces détachées d’automobiles. Mais les pays occidentaux, bousculés par leur déficit commercial croissant vis-à-vis de la Chine, ont averti que d’autres dossiers risquaient de suivre.

La représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab, a ainsi indiqué mi-octobre que Washington pourrait déposer d’autres plaintes si Pékin n’ouvre pas davantage son marché aux produits financiers et ne fait pas plus d’efforts pour protéger les droits de propriété intellectuelle.

La Chine est sur une voie “dangereuse” qui pourrait provoquer de nouvelles plaintes, notamment de la part des Etats-Unis, a prévenu Mme Schwab après l’annonce d’un déficit commercial record en août de 22 milliards de dollars envers la Chine.

Comme en écho, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a déclaré mardi que l’UE pousserait la Chine au respect des engagements pris. “Le dialogue sera toujours notre chemin de prédilection” mais l’UE n’hésitera pas à saisir l’organe de réglement des différends de l’OMC si “elle pense avoir un cas solide”, a-t-il assuré.

C’est la première fois depuis son adhésion fin 2001 que la Chine se retrouve sur le banc des accusés à l’OMC, un organe au sein duquel elle s’est jusqu’à présent faite discrète malgré son récent statut de quatrième puissance commerciale mondiale.

Une plainte avait été déposée en mars 2004 par les Etats-Unis à propos des puces électroniques. Mais Pékin et Washington étaient parvenus à un compromis et l’OMC n’avait pas eu à régler le différend.

La saisine de l’OMC signifie que l’institution a en principe six mois pour trancher. Neuf fois sur dix, le gendarme des échanges mondiaux tend à donner raison au plaignant, mais le perdant a le droit de faire appel et un même différend peut traîner pendant des années.

Outre le différend sur l’automobile, la Chine a été accusée par ses partenaires de tricher avec ses subventions lors d’une réunion jeudi et vendredi à l’OMC.

Américains et Européens l’ont accusée d’avoir remis au gendarme des échanges une liste incomplète des subventions qu’elle verse à son économie, en omettant de signaler les aides versées par les provinces et les communes, notamment aux secteurs textile.

Chaque Etat membre est censé notifier à l’OMC tous les trois ans les subventions versées à son économie. Les subventions à l’industrie sont en principe prohibées.

La délégation chinoise a appelé ses partenaires à reconnaître “l’énorme difficulté que rencontre le gouvernement pour rassembler l’information” sur les subventions versées par les différentes autorités de l’Empire du Milieu.

Le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, a assuré que la Chine “joue le jeu” de l’ouverture de son marché intérieur. Les Chinois “ont fait le travail qu’ils s’étaient engagés à faire” en adhérant à l’institution, a-t-il remarqué samedi dans une interview au quotidien suisse Le Temps.

M. Lamy, qui avait négocié l’adhésion chinoise au nom de l’UE lorsqu’il était commissaire au Commerce, a observé que la Chine était désormais plus exposée aux pressions des Etats-Unis et de l’UE avec la fin de sa période de transition de cinq ans.

 30/10/2006 10:59:20 – © 2006 AFP