L’Afrique se renforce mais reste encore loin des Objectifs du Millénaire

 
 
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Des anciens enfants des rues à Dagoretti, un énorme bidonville près de Nairobi, au Kenya, le 24 octobre 2006 (Photo : Tony Karumba )

[30/10/2006 17:53:16] WASHINGTON (AFP) Malgré des inégalités grandissantes entre pays, et un nombre toujours plus important de pauvres, l’Afrique connaît une croissance soutenue qui ne lui permettra toutefois pas d’atteindre les Objectifs du Millénaire, affirme la Banque mondiale (BM) dans un rapport publié lundi.

“Pour la première fois depuis 25 ans, il est possible de dire que l’Afrique commence à rattraper le retard pris sur le reste du monde en terme de revenu par tête”, a commenté John Page, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique.

“Les taux de croissance en Afrique commencent à ressembler vraiment à ceux des autres pays en voie de développement”, a-t-il ajouté citant notamment les pays asiatiques.

“D’un autre côté, il y a une diversité grandissante des performances économiques en Afrique: nous commençons à voir plusieurs groupes de pays croître à des rythmes différents”, a-t-il poursuivi.

Selon le rapport 2006 de la BM sur les indicateurs de développement en Afrique sub-saharienne, près de 65% de la population vit dans 23 pays dans lesquels la croissance dépasse 5,5% en moyenne par an.

Cet ensemble se décompose en deux: 7 pays exportateurs de pétrole (29% de la population pour des croissance annuelle supérieure à 7,4%) et 16 pays dont la croissance dépasse 5%.

Ces derniers “sont ceux dans lesquels nous plaçons le plus d’espoir”, poursuit l’économiste: “parce qu’ils ont très bien réussi et qu’ils ne dépendent pas du revenu de leurs ressources minérales”. Il s’agit notamment du Sénégal, du Mozambique, du Ghana, du Burkina-Faso, de l’Ouganda et du Cap-Vert.

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John Page, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, lors du Forum économique mondial sur l’Afrique organisé au Cap, le 1er juin 2006 (Photo : Gianluigi Guercia)

Pour les autres, la situation est alarmante.

L’Afrique sub-saharienne “est la seule région du monde dans laquelle le nombre de pauvres continue de croître”, note la Banque mondiale. Cette année, la flambée des cours du pétrole a alourdi le fardeau de ces pays, souligne John Page.

“D’ici à ce que le choc soit complètement absorbé, c’est-à-dire dans trois à cinq ans, environ 3,5% du PIB aura été perdu”, a-t-il calculé.

Mais l’impact a été moins fort que lors des précédentes crises. “Les économies africaines se sont adaptées à la hausse des prix du pétrole de façon plus fluide qu’elles l’avaient fait avant”, explique-t-il, notamment parce que les gouvernements ont répercuté cette hausse sur les produits pétroliers au lieu de la faire supporter par le budget.

La chance a joué également: plusieurs pays sont parvenus à contre-balancer ces dépenses supplémentaires par la hausse des recettes liées à leurs ressources en matières premières.

Mais les Objectifs du Millénaire sont encore loin. “La plupart des pays africains ne les atteindront pas tous”, pense M. Page.

Les huit Objectifs du Millénaire (OMD) fixés par l’Onu en 2000 visent notamment à réduire de moitié d’ici à 2015 (par rapport aux années 90), la proportion de ceux qui vivent avec moins d’un dollar par jour et de ceux qui souffrent de la faim.

L’Afrique a des chances de réussir dans certains domaines, nuance l’économiste: la pauvreté, l’éducation, la lutte contre les inégalités sexuelles.

Mais d’autres, comme la santé, semblent “extraordinairement difficile à atteindre”, notamment en raison de la nature de pandémies comme le sida ou la malaria.

Les pays donateurs ont également une part de responsabilité dans cet échec relatif. D’abord, parce que la définition des Objectifs a méconnu pour partie la réalité de la situation de départ, estime M. Page.

Ensuite, car les engagements financiers des pays riches tardent à se concrétiser.

“Le transfert des ressources depuis le sommet de Gleaneagles ne connaît pas une croissance très forte”, dit-il sobrement. Les pays du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Japon, Grande-Bretagne, Italie, Russie) s’étaient engagés lors de leur sommet de Gleneagles en Ecosse en juillet 2005 à augmenter leur aide aux pays les plus pauvres de la planète.

 30/10/2006 17:53:16 – © 2006 AFP