L’Europe continue de croire en sa bonne étoile économique

 
 
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Les pays de la zone euro

[31/10/2006 14:11:08] PARIS (AFP) L’Europe a su garder un moral étonnamment optimiste en octobre et ignorer le net ralentissement économique en cours aux Etats-Unis, selon de nouvelles statistiques mardi, qui suggèrent une fin d’année dynamique avant un ralentissement attendu plus tard en 2007.

L’un des principaux indicateurs publiés par la Commission européenne, l’indice de confiance économique dans la zone euro (consommateurs et entrepreneurs réunis), s’est hissé en octobre à son plus haut niveau depuis le début 2001.

Il a atteint 110,3 points (contre 109,3 en septembre), soit bien au-delà des attentes des analystes, qui le voyaient plutôt stagner au même niveau et traduit une confiance accrue dans les secteurs de l’industrie, des services et des ventes de détail.

L’humeur s’améliore tout particulièrement en Allemagne, France, et Espagne, tandis qu’elle s’assombrit en Italie ou au Royaume-Uni.

Mais d’autres indicateurs comme le moral des ménages français ou le chiffre d’affaires des commerçants de détail en Allemagne, également publiés mardi, ont en revanche été jugés décevants.

Une telle “dispersion” d’un pays à l’autre et d’un indicateur à l’autre devrait ainsi prémunir contre un excès d’euphorie, relève Luca Silipo, économiste de Ixis Corporate & Investment Bank. L’indice du moral européen a d’ailleurs probablement culminé en octobre, selon lui.

“Il est peu probable que cette nouvelle augmentation de l’indice (de la zone euro) signifie grand’chose de neuf pour l’économie europénne. Le scénario principal demeure donc celui d’une croissance robuste pour le reste de l’année, suivi d’un ralentissement en 2007”, souligne-t-il.

Selon lui, les incertitudes liées aux conséquences encore à venir de la récente série de hausses de taux d’intérêt en zone euro, ou les restrictions budgétaires entreprises par certains gouvernements risquent de peser très prochainement sur l’humeur des acteurs économiques.

D’autant que la Banque centrale européenne (BCE) ne devrait pas se priver d’augmenter une sixième fois son taux directeur en décembre, à 3,50%, préviennent d’une seule voix tous les économistes.

Et cela en dépit d’une inflation tombée largement sous sa cote d’alerte de 2% en octobre, à son plus bas niveau depuis 32 mois (1,6% en zone euro), selon d’autres chiffres publiés mardi par Eurostat.

Antoine Brunet, chef économiste de HSBC France, fait valoir de son côté que la croissance en zone euro est plus stable qu’avant car elle “s’appuie de plus en plus sur ses deux jambes. La demande intérieure reste dynamique et les inquiétudes relatives au commerce extérieur se dissipent”.

La première bénéficie du net recul des cours du pétrole (ils ont cédé près d’un quart de leur valeur depuis les pics de cet été) et de l’effet de richesse induit par l’actuelle bonne tenue des marchés boursiers et obligataires.

Quant au commerce extérieur, il vient de voir s’évaporer deux des principaux risques qui le menaçaient ces derniers mois. D’une part, l’euro a cessé de s’apprécier face au dollar suite à “l’abandon en septembre 2006 par les Etats-Unis” d’une politique d’affaiblissement de leur devise.

D’autre part, l’Amérique ne connaîtra pas de récession dans les trimestres à venir, en dépit du ralentissement marqué de son économie, estime-t-il. La croissance américaine est tombée au troisième trimestre à son rythme le plus faible depuis le début 2003 à 1,6% en rythme annuel, après 2,6% au précédent.

Malgré cela, les exportations européennes ne devraient pas “subir de choc particulier”, selon M. Brunet.

“Au total, tout converge pour que la croissance européenne reste dans les trimestres à venir supérieure à son taux de croissance potentiel (2,25%)”, conclut-il.

 31/10/2006 14:11:08 – © 2006 AFP